n°151 Justice et Tempérance Septembre - Octobre 2000*


La justice et la tempérance accomplissent l’amour de Dieu et y conduisent. Car on ne peut aimer Dieu sans pratiquer la justice et la modération envers soi-même. La justice nous entraîne dans un combat pour le bien commun ; elle oriente nos gestes quotidiens et nos responsabilités publiques vers l’avènement du Christ qui "accomplit toute justice" (Matthieu 3, 15). La tempérance nous enseigne à élever le plaisir à sa plus haute signification, à le faire cïncider avec le bien objectif.

Page Titre Auteur(s)
5 La fin des vertus Olivier BOULNOIS
11 La justice de l’Alliance Marc OUELLET
25 Justice pour les travailleurs. Le syndicalisme chrétien en Europe Bruno BÉTHOUART
39 Bienheureux Jacques Fesch ? Une provocation bienvenue Jean DUCHESNE
49 La vertu du plaisir Hélène MACHEFERT
61 Mourir à soi-même Les CLARISSES D'EINDHOVEN
71 Libres dans la foi Karl LEHMANN
81 Dieu sauveur et créateur de l’univers Henri CAZELLES
96 Les évaluations en conflit autour de Nostra Aetate Maurice BORRMANS

Éditorial : Olivier Boulnois : La fin des vertus

Le christianisme a-t-il besoin de vertus ? – Certes, le Christ n’est pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs. Mais la grâce n’abolit pas la morale. Il serait paradoxal que le christianisme oublie les vertus au moment où le monde contemporain en découvre le bien-fondé.

La justice

Marc Ouellet : La justice de l’Alliance

Au-delà du modèle antique de la justice, une vertu qui maintient l’équilibre dans la cité en rendant à chacun ce qui lui est dû, comme dans l’âme en harmonie les passions sont soumises à la raison, la Justice de l’Alliance propose un nouvel équilibre entre justice et miséricorde : par là se révèle l’amour fidèle du Dieu sauveur qui donne au monde son Fils, le Juste exemplaire.

Bruno Béthouart : Justice pour les travailleurs - Le syndicalisme chrétien en Europe

La vertu de justice a aussi une dimension sociale. Plusieurs encycliques l’ont rappelé depuis Rerum novarum (1891). L’histoire du syndicalisme en Europe depuis le XIXe siècle le montre d’une manière diversifiée selon les pays et les situations économiques et sociales.

Jean Duchesne : Bienheureux Jacques Fesch ? Une provocation bienvenue

Jacques Fesch, meurtrier, converti en prison, puis guillotiné, met en relief la contradiction entre plusieurs formes de la justice. S’il était déclaré bienheureux, son cas serait sans exemple. Mais peut-on passer ainsi de la condamnation humaine à la gratuité de la justification divine ?

La tempérance

Hélène Machefert : La vertu du plaisir

Notre monde schizophrène pratique l’hédonisme et admire l’ascétisme. Mais la tempérance n’est ni l’un ni l’autre : elle consiste à orienter le plaisir (bien subjectif) vers le bien objectif. Sa modération est sans tristesse, car précisément elle évite la souffrance et le manque que provoquent tous les excès. Elle constitue une manière d’assumer positivement nos limites.

Les clarisses d’Eindhoven : Mourir à soi-même

Contrairement au concept classique qui fait de la tempérance la recherche d’un ordre intérieur fondé sur la raison, la tempérance franciscaine est sans mesure : au-delà d’une sérénité que l’homme atteint par ses propres forces, elle attend de la contemplation le repos en Dieu, se révélant lui-même à qui se donne totalement à Lui, dans le silence de l’esprit.

Dossier : L’accord entre luthériens et catholiques

Karl Lehmann : Libres dans la foi

Quelle est la portée de la Déclaration signée à Augsbourg entre luthériens et catholiques ? C’est avec une sérénité clairvoyante que l’auteur pèse les acquits d’un « consensus différencié », sans minimiser les questions qu’il laisse ouvertes. Il en tire la signification oecuménique, en demandant aux deux Églises de proposer de manière renouvelée le message de la Justification aux hommes d’aujourd’hui.

Signets

Henri Cazelles : Dieu sauveur et créateur de l’univers

Le salut de l’univers dépend de l’action du Dieu sauveur dans l’histoire : C’est ce dont témoigne l’Écriture depuis la vie du peuple élu au milieu des nations jusqu’à la venue de Jésus ressuscité, fondateur de l’Église. A travers les étapes d’une histoire tourmentée, l’auteur évoque, des origines à nos jours, les relations toujours problématiques entre l’Église et le monde.

Maurice Borrmans : Les évaluations en conflit autour de Nostra Aetate

Il est indispensable d’étudier l’élaboration progressive du texte de Nostra Aetate pour en mesurer l’importance : La Déclaration votée le 15 octobre 1965 ouvre la mission de l’Église, sacrement universel du salut, au dialogue interreligieux, fondé sur une approche renouvelée mais exigeante de la théologie des religions.

La fin des vertus

Olivier Boulnois

«Tant s’en faut que la miséricorde autorise le relâchement que c’est au contraire la qualité qui le combat formellement. De sorte qu’au lieu de dire : s’il n’y avait point en Dieu de miséricorde il faudrait faire toutes sortes d’efforts pour la vertu, il faut dire au contraire, que c’est parce qu’il y a en Dieu de la miséricorde qu’il faut faire toutes sortes d’efforts. » Pascal, Pensées (Éd. Lafuma, 774)

Avec la vertu de justice et celle de tempérance, après la prudence et la force, la revue Communio achève l’étude des quatre vertus fondamentales. Est-ce la fin des vertus ? – C’est plutôt l’occasion de se demander (en un autre sens du mot fin), si ces vertus ont une finalité. Pourquoi une revue catholique s’est-elle lancée dans cette aventure ? Étions-nous mûs par une simple curiosité historique, pour des vertus qui ont marqué l’histoire de la chrétienté, mais qui sont maintenant hors d’usage ?

I. Le christianisme a-t-il besoin de vertus ?

D’un simple point de vue sociologique, nous assistons au grand retour des vertus. Celles-ci suscitent la curiosité, répondent à un besoin ou entraînent l’enthousiasme – le succès de plusieurs ouvrages récents, de style populaire (A. Comte-Sponville, Petit traité des grandes vertus) ou savant (A. MacIntyre, After virtue), en est le signe éclatant. Mais ce succès repose lui-même sur une ambiguïté : à des lecteurs en quête de sens, ces ouvrages ne proposent qu’une morale empirique, variant selon les cultures, et soumise au bon plaisir de celui qui la pratique. Il dissimule peut-être une contorsion pour éviter de parler de « morale », en remplaçant celle-ci par le narcissisme d’un moi qui se cultive lui-même avec une satisfaction bienpensante. La question posée est pourtant cruciale, et la traiter reste [...]

 

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Dossier : L’accord entre luthériens et catholiques

Karl Lehmann : Libres dans la foi

Quelle est la portée de la Déclaration signée à Augsbourg entre luthériens et catholiques ? C’est avec une sérénité clairvoyante que l’auteur pèse les acquits d’un « consensus différencié », sans minimiser les questions qu’il laisse ouvertes. Il en tire la signification oecuménique, en demandant aux deux Églises de proposer de manière renouvelée le message de la Justification aux hommes d’aujourd’hui.

Signets

Henri Cazelles : Dieu sauveur et créateur de l’univers

Le salut de l’univers dépend de l’action du Dieu sauveur dans l’histoire : C’est ce dont témoigne l’Écriture depuis la vie du peuple élu au milieu des nations jusqu’à la venue de Jésus ressuscité, fondateur de l’Église. A travers les étapes d’une histoire tourmentée, l’auteur évoque, des origines à nos jours, les relations toujours problématiques entre l’Église et le monde.

Maurice Borrmans : Les évaluations en conflit autour de Nostra Aetate

Il est indispensable d’étudier l’élaboration progressive du texte de Nostra Aetate pour en mesurer l’importance : La Déclaration votée le 15 octobre 1965 ouvre la mission de l’Église, sacrement universel du salut, au dialogue interreligieux, fondé sur une approche renouvelée mais exigeante de la théologie des religions.


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