Jeunesse chrétienne en mouvements (1945-1995)

Après l'expansion sans précédent qui suit la Libération, les mouvements de jeunesse spécialisés connaissent une crise d'identité qui est une remise en cause de « la priorité donnée à l'évangélisation » au bénéfice d'une action temporelle, politique et sociale.Dans la société éclatée de cette fin de siècle, l'uniformité des méthodes ne saurait convenir ; le réveil du religieux interpelle les mouvements éducatifs qui doivent répondre à un besoin grandissant de formation.

L'apogée des mouvements de jeunesse chrétiens au lendemain de la Libération

La libération, les mouvements de jeunesse catholiques et protestants constituent une force impressionnante par le nombre et « l'explosion de vitalité » (René Rémond). À la base, il existe un vivier pour les mouvements au recrutement populaire. Pour les protestants, ce sont les unions chrétiennes de jeunes gens et de jeunes filles au rôle souvent actif durant la Résistance. Pour les catholiques, il s'agit du réseau alors dense constitué par les patronages d'enfants et les oeuvres de jeunesse. Les meilleurs d'entre eux permettent aux aînés de franchir le cap difficile de l'adolescence en évitant une rupture avec l'Église. Par des activités ludiques, et principalement les sports, des centaines de milliers de jeunes gens et de jeunes filles gardent un lien avec l'Église alors que le spirituel n'aurait pas constitué pour eux une motivation suffisante. Ce n'est pas rien que d'encadrer 750 000 garçons dans la Fédération sportive de France et 250 000 filles dans le Rayon sportif féminin. Pour les plus jeunes, la Croisade eucharistique, « cette école primaire de l'Action catholique » (Pie XI), avec ses 600 000 adhé-rents, et le mouvement Coeurs vaillants et Âmes vaillantes, qui atteint un bon million d'enfants encadrés par 25 000 dirigeants, mettent en oeuvre une pédagogie qui, fondée sur le jeu, n'exclut pas une ascension personnelle. [...]