L'invention du cimetière : le cas romain

Lié au souci d'ensevelir les pauvres des communautés, un nouveau type de tombe à usage collectif apparaît chez les juifs et les chrétiens à la fin du IIè siècle : les catacombes. Une iconographie spécifique naît chez les chrétiens. La présence des sépultures des martyrs transforme au Vè siècle ces nécropoles en centres de pèlerinage.

L e 20 septembre 1994, la catacombe de Callixte, sur la via Appia, à Rome, fut le théâtre d'un hommage solennel : sous les auspices de la Commission Pontificale d'Archéologie sacrée, fut célébré le centenaire de la dispari-tion de Giovanni Battista de Rossi (1822-1894), après que ses restes eurent été au préalable transférés, depuis la chapelle de l'Archiconfraternité du Précieux Sang sise au cimetière de Verano, jusqu'à la Tricòra orientale, un mausolée du IVe siècle transformé aujourd'hui en chapelle et situé à deux pas de l'entrée actuelle de la catacombe. C'est que la mémoire savante, et plus largement la mémoire romaine, ont conservé vivace le souvenir de cet éminent et infatigable chercheur qui non seulement découvrit en 1844 le susdit mausolée, mais surtout inventa quelques années plus tard la catacombe elle-même, en entreprit un dégagement méthodique, et consacra sa vie à l'exploration et à l'analyse des antiquités chrétiennes de la ville, au point de mériter le titre de « prince de l'archéolo-gie chrétienne » et de renouveler tout un champ d'études qui, depuis le génial Antonio Bosio (1575-1629) et sa Roma sot-terranea (1632), n'avait point connu une telle dynamique. [...]