| QUE le mariage soit un sacrement signifie qu'il est un projet divin sur l'homme avant d'être un projet humain ; ou, que le projet humain qui se déclare dans la démarche des fiancés trouve son centre de gravité et son avenir dans l'acquiescement réfléchi à la part qu'il leur est offert de manifester de l'économie du salut. Avant donc de s'interroger sur la vie du couple — sur cette « dramatique » du mariage que constituent les efforts, les problèmes et les bonheurs vécus par les époux chrétiens —, il convient de cerner la part d'héritage qui est leur. C'est pour autant que le mariage est une réalité devant Dieu, théologique, spécifique « Le Christ donne le secours d'un sacrement spécial à ceux qu'il a déjà consacrés par le baptême » (1) que sa théologie peut être nette. Ce qu'on entend ici comme logique du consentement est cette mesure d'exigence chrétienne impliquée dans la réception du sacrement, abondamment décrite par la liturgie du mariage, et selon laquelle la vie du couple peut être en son ordre un signe prégnant du Royaume. POUR se marier, il faut d'abord accepter le délai : accepter que ce monde-ci continue son train, et avoir du temps pour ce monde. En une époque où l'interprétation des signes des temps fait recette, l'inquiétude de nombreux contemporains nous apprend que, justement, si les derniers temps sont là, si le monde a pour nous un visage menaçant d'apocalypse, on ne se marie pas. Parier sur la durée si demain se profile (1) Les textes cités sont ceux de la liturgie du mariage, d'après le Rituel pour la célébration du mariage d l'usage des diocèses de France. Nous indiquons seulement le numéro de la rubrique. Ici : n° 10. |