Coventry Patmore, chantre du bonheur conjugal

Jean MOUTON
Le mariage - n°25 Septembre - Octobre 1979 - Page n° 73

Il a tant aimé le mariage qu'il a convolé trois fois.
La première page,  73, est jointe.

 

CERTAINS écrivains ont préféré sourire du mariage plutôt que le magni‑

fier. La Rochefoucauld laisse entendre qu' « il y a de bons mariages, il n'en est point de délicieux ». Je me souviens de Julien Benda développant devant un groupe d'amis le thème de la tristesse du mariage, qu:il appuyait sur le peu d'enthousiasme que reflète le visage de l'épousée dans la fresque pom­péienne Les Noces Aldobrandines, conservée au musée du Vatican : assertion bien subjective ! En fait, la formule d'André Gide que « les bons sentiments font la mauvaise littérature » s'est assez souvent vérifiée, pour que ceux qui sont tentés par l'exaltation poétique du mariage soient incités à la prudence.

Le titre de « chantre du bonheur conjugal » serait-il donc inatteignable ? Un poète anglais du XIXe siècle, Coventry Patmore, a montré qu'il n'en est pas ainsi. Paul Claudel le considérait comme méritant au plus haut point ce titre et il traduisit lui-même un choix de ses poèmes qui parut dans la Nouvelle Revue Française en 1912. Valery Larbaud, François Mauriac partageaient cette admi­ration. Charles Du Bos, dans son étude de l'amour selon Coventry Patmore » (dans Approximations VII) (1), a montré que ce poète ne peut concevoir qu'il y ait deux amours : l'amour de Dieu et l'amour conjugal sont. inséparables. Coventry Patmore en exprimait la raison : « Et je crois que l'amour est vérité .». Mais si l'amour conjugal peut devenir le sujet d'une; exaltation poétique, n'est-ce pas parce qu'il ne trouve pas en lui-même sa fin dernière, totale ?

La question de l'absolu du mariage a été posée dans un passage de l'Évangile où des Sadducéens proposent au Christ le cas de la femme qui a épousé successi­vement les sept frères : « A la résurrection, duquel des sept sera-t-elle donc la femme ? ». On connaît la réponse du Christ : « A la résurrection, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme des anges dans le ciel » (Matthieu 22, 28-30). Un homme et une femme sont époux et épouse ; ils trouvent dans cet état un

(1) Ces textes de Coventry Patmore sont cités et traduits par Charles Du Bos, dans son étude. Voir Approximations, Fayard, 1965

 


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