« Tous, quelques-uns, un ». Sensus fidei et dynamique synodale

En regard de la vision traditionnelle – essentiellement épiscopale – de la collégialité,le Pape François met l’accent sur la nécessaire participation des fidèles laïcs à la synodalité conçue comme processus de discernement pour la conduite de l’Église. Le fondement dogmatique en est le sensus fidei, par lequel le peuple chrétien tout entier se met à l’Écoute de l’Esprit-Saint.

Le sensus fidei est au cœur de la synodalité promue par le pape François. À la suite de Vatican II affirmant que « la collectivité des fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint, ne peut se tromper dans la foi ¹ », il souligne que « le Peuple de Dieu est saint à cause de cette onction qui le rend infaillible “in credendo” » car « Dieu dote la totalité des fidèles d’un instinct de la foi – le sensus fidei – qui les aide à discerner ce qui vient réellement de Dieu ² ». Le sensus fidei est pour lui non seulement le point de départ obligé de tout processus synodal, grâce à une vaste consultation permettant l’écoute et la participation de l’ensemble des baptisés, mais aussi le point d’arrivée, puisque c’est ce même Peuple de Dieu qui doit en recevoir les fruits.

On aurait tort, toutefois, de penser que le pape limite la synodalité à la seule expression du sensus fidei des croyants individuels ou de l’ensemble des fidèles – le sensus fidei fidelium³. Sa conception très large et dynamique de la synodalité/conciliarité ⁴ implique en réalité deux autres dimensions avec lesquelles le sensus fidei est, à tous les niveaux de l’Église, en étroite interaction : le ministère collégial et le ministère personnel ou primatial.

En nous appuyant sur les déclarations du pape François et sur certains documents récents – notamment les deux documents de la Commission théologique internationale (CTI) sur le sensus fidei (2014) et sur la synodalité (2018), mais aussi plusieurs documents issus de dialogues œcuméniques – les réflexions suivantes se proposent de montrer comment la dynamique synodale contient trois dimensions – communautaire, collégiale et personnelle – et les articule à travers des processus de consultation, de discernement et de réception ⁵. [...]

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1 CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium, n. 12. (= LG). Suite de cette note à la fin de l’article

2 PAPE FRANÇOIS, Exhortation apostolique Evangelii gaudium, n. 119 (= EG).

3 Voir la distinction des deux termes dans : COMMISSION THÉOLOGIQUE INTERNATIONALE, Le sensus fidei dans la vie de l’Église, 2014, n. 3 (= CTI 2014)

4 Suivant l’usage actuel, nous utilisons les termes « synodalité » et « conciliarité » de manière interchangeable, en privilégiant le premier, sauf lorsque nous nous référons à des documents utilisant le terme« conciliarité »

5 Voir à la fin de cet article.