Le Concile Vatican II et les synodes post-conciliaires. Départs - Crises - Attentes

La synodalité promue par le Pape et attendue par les fidèles s’inscrit dans la continuité du concile Vatican II. Ce dernier est passé d’une vision verticale de la hiérarchie à une compréhension participative valorisant le sacerdoce commun, sans porter atteinte à la structure sacramentelle de l’épiscopat. Différentes tentatives d’incarner cette perspective ont vu le jour dans l’immédiat après-concile, pas toujours couronnées de succès. Le temps est venu de relancer la synodalité comme processus de renouvellement de l’Église.

Lorsque, au cours du cinquantième anniversaire de l’institution du synode des évêques (17 octobre 2015), le pape François présenta le chemin qu’il voyait pour l’Église du troisième millénaire et désigna la synodalité comme vocation et mission de l’Église, beaucoup y virent une déclaration tout à fait révolutionnaire ¹. En réalité, le renouvellement des synodes est la réforme la plus conservatrice que l’on puisse imaginer. Depuis le IIe siècle, les synodes (ou conciles − pendant longtemps, les deux termes n’ont pas été distingués) font partie de la vie de l’Église. Ils ont toujours été d’une importance capitale, en particulier aux moments-clés de l’histoire de l’Église ².

1. Le chemin long et hésitant de la préparation

Le premier concile général de Nicée (325) avait déjà demandé à l’époque qu’un synode ait lieu deux fois par an ³. Après la crise de la Réforme, le concile de Trente (1545-1563) renoua avec la tradition ancienne des synodes provinciaux et diocésains réguliers ⁴. À Milan, Charles Borromée, modèle de l’évêque réformateur post-tridentin, s’attela à cette tâche avec beaucoup de zèle. Dans l’ensemble, les consignes de Trente ont eu cependant un écho limité ⁵. À Constance, le plus grand diocèse au-delà des Alpes, seuls deux synodes eurent lieu entre le XVIe et le XVIIIe siècle (en 1567 et en 1609) ; à Vienne, de la fondation du diocèse en 1469 au concile Vatican II, un seul.

La directive du concile de Trente trouva dans l’Église missionnaire de l’époque et dans les jeunes Églises une terre autrement plus fertile [...]

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1 L’Osservatore Romano, 19.09.2018, pp. 4-6. Voir sur ce point A. R. BATLOGG, Der evangelische Papst.

2  H. J. SIEBEN a mené d’importantes recherches à ce sujet, résumées dans : Kleines Lexikon zur Geschichte der Konzilsidee, Paderborn, 2018. Voir la bibliographie en fin d’article.

 3 Canon 5 (COD 7)

 4 Decretum de reformatione sessio XXIV, can. 2 (COD 737).

 5 H.J. SIEBEN, Die katholische Konzilsidee von der Reformation bis zur Aufklärung, Paderborn, 1988 ; K. MAIER, « “Unter bischöflicher Autorität”, Zur Bedeutung des Synodalwesens in der Reichskirche in der frühen Neuzeit », Autorität und Syno- dalität, p. 127-145