L’expérience synodale Un entretien avec le cardinal Koch Propos recueillis par Tibor Görföl

Dans cet entretien avec Tibor Görföl, membre de la rédaction hongroise de Communio, le Cardinal Koch analyse l’apport que l’œcuménisme représente pour la synodalité, et en retour ce que la synodalité pourrait faciliter dans la démarche œcuménique.

Communio : En décembre, à Nicosie, le pape François a mentionné et mis en avant l’expérience orthodoxe de la synodalité. Vous avez également souligné à plusieurs reprises, Éminence, que la synodalité joue un rôle important dans l’échange œcuménique des dons entre l’Orient et l’Occident. Quels sont les avantages expérientiels des théories orientales et quelles sont les difficultés pratiques que l’on peut observer dans les Églises orientales ?

Le cœur intime des dialogues œcuméniques est l’échange de dons. Il s’agit, comme l’a souligné le pape François dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium, d’accueillir ce que l’Esprit a semé dans d’autres Églises « comme un don qui nous est également destiné ». Comme exemple concret, le pape a mentionné que dans le dialogue avec les frères orthodoxes, nous, catholiques, avons la possibilité « d’en apprendre un peu plus sur la signification de la collégialité épiscopale et sur leur expérience de la synodalité » (EG 246). La synodalité est en effet l’un des points forts des Églises orthodoxes. Les structures et les pratiques de la synodalité sont certes si différentes dans les Églises orthodoxes autocéphales et autonomes qu’il n’est pas possible de donner des renseignements universels sur ses avantages et ses difficultés. Ce qui est commun à toutes les Églises orthodoxes, c’est la conviction de l’unité du principe synodal et du principe hiérarchique dans l’Église, plus précisément la conviction de l’interdépendance de la synodalité et de la primauté. La Commission internationale mixte pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes a exprimé cette conviction dans son document de Ravenne en 2007 en disant que la synodalité et la primauté sont interdépendantes, que la primauté doit toujours être considérée et réalisée dans le contexte de la synodalité et, inversement, la synodalité dans le contexte de la primauté, et que cela doit être le cas à tous les niveaux de la vie de l’Église − local, régional et universel. Dans l’échange œcuménique des dons, il est important de mettre en rapport les points forts respectifs des deux communautés ecclésiales [...]

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