M Noreen HERZFELD
l'intelligence artificielle
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n°301
Septembre - Octobre
2025 - Page n° 35
Malgré la fascination qu’exerce l’IA, au point de devenir une sorte de religion pour certains transhumanistes, son avenir reste limité en raison du caractère indéfectiblement incarné de l’être humain. Privé de libre arbitre, d’émotions, de conscience, cet outil ne peut être intelligent. En confiant à des algorithmes la prise en charge des personnes, nous ne risquons pas seulement de perdre certaines de nos compétences : le risque est celui d’une « déqualification » morale, voire spirituelle
Pourriez-vous décrire brièvement l’histoire récente de l’IA, ainsi que ses différentes formes ? Les chercheurs parlent d’IA au sens strict et d’IAG (intelligence artificielle générale), deux concepts totalement différents. Nous semblons encore en rester à l’IA au sens strict. Quelle est donc cette différence et quelle est son histoire ?
Historiquement, nous avons parlé d’une IA forte et d’une IA faible. Plus récemment, nous avons utilisé les termes d’IA étroite et d’IGA. Une IA étroite est le type d’IA que nous avons vu jusqu’à présent. Tous nos domaines d’applications sont, d’une manière ou d’une autre, des IA étroites. Cela remonte aux programmes de jeu d’échecs des années 1960 et 1970. Dans les années 80 et 90, nous avons assisté à l’essor des systèmes experts, où la communauté de l’IA a en quelque sorte repoussé l’idée d’une IGA, c’est-à-dire d’une intelligence générale artificielle, en d’autres termes, d’une intelligence semblable à celle de l’homme. Elle a mis cette idée de côté et s’est dit : « Faisons ce que nous pouvons; et ce que nous pouvons faire, c’est amener l’ordinateur à fonctionner extrêmement bien dans une situation très précise ». Et c’est là, en fait, que l’ordinateur peut très bien fonctionner. Si vous pensez, par exemple, à des jeux comme les échecs, vous avez un plateau donné, un ensemble très limité de joueurs et des pièces qui ne peuvent se déplacer que de manière pré-définies.
Il est donc facile pour l’ordinateur de calculer, par exemple, tous les mouvements possibles, ou au moins les meilleurs mouvements dans certaines situations. Il est très difficile pour les ordinateurs de gérer des situations ouvertes. Je pense que nous le constatons avec les voitures sans conducteur. Depuis une dizaine d’années, on nous dit que les voitures sans conducteur sont sur le point de voir le jour. Et ce n’est toujours pas le cas. Le fait est qu’elles fonctionnent très bien dans une situation très restreinte, mais qu’elles sont très fragiles « sur les bords ». C’est le problème de la plupart des programmes d’intelligence artificielle. Dès qu’ils sont confrontés à ...
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