L’IA générative, nouvelle idole ?

Telle que la connaît le grand public, l’IA générative parle en première personne et semble omnisciente. Certes, rares sont ceux qui l’assimilent à un oracle ou lui vouent un culte religieux. On peut néanmoins se demander si l’idolâtrie ne domine pas certaines de nos représentations de l’IA, lorsque nous célébrons nos prouesses techniques, au point de confondre la vérité et ses simulacres.

L’IA générative, nouvelle idole ?

Au pied des Alpes suisses, la chapelle catholique Saint-Pierre de Lucerne hébergea durant l’automne 2024 un éloquent projet : Deus in Machina. Sous l’égide du théologien Marco Schmid, un modèle d’intelligence artificielle (IA) générative pré-entraîné, vraisemblablement GPT-4o, s’est vu spécialisé sur des textes bibliques ¹. Son objectif ? Expérimenter au sein du confessionnal un portrait résolument moderne du Christ, « AI Jesus » ².

L’originalité d’un tel dispositif n’a pas empêché l’afflux des fidèles : 900 personnes de tout âge ont pénétré dans le confessionnal 3.0. Ils ont, suivant Schmid, « parlé de manière sérieuse » à l’IA³, interrogeant l’avatar vidéo de Jésus sur la manière de faire l’expérience de Dieu ou de réagir face aux guerres et aux scandales.

Deus in Machina prend le contre-pied d’une image archaïque de l’Église, non sans prudence méthodologique. L’expérience a été circonscrite à l’automne, déployée au terme d’un test de deux mois auprès de 30 personnes, en constante surveillance des réponses de l’IA par une équipe pastorale. Aujourd’hui, subsiste tout de même une version en ligne de « AI Jesus » à laquelle nous avons posé une simple question :

« AUTEUR : Are you an idol ? ...