n°128 Baptème et ordre - L'un et l'autre sacerdoce Novembre - Décembre 1996*


En vertu de son appartenance au Christ, grand-prêtre de l’Alliance nouvelle, le peuple de dieu constitue une royauté sacerdotale.
Or, à l’inverse des autres sociétés humaines, l’Église ne trouve pas son origine en elle-même, mais dans Celui qui s’est livré pour elle :" l’autel, le prêtre et la victime". Le Christ grand-prêtre est à la fois celui qui offre et celui qui est offert.

La distinction entre baptême et sacerdoce ministériel rend ainsi présent le double sens de l’unique sacerdoce du Christ. Sous ces deux aspects, l’Église peut alors livrer à tous les hommes toute la profondeur du mystère de Dieu : elle devient elle-même une communion sacramentelle.

Page Titre Auteur(s)
9 L'un et l'autre sacrement Georges CHANTRAINE
15 L'unique sacerdoce de Jésus-Christ, le sacerdoce des baptisés et le sacerdoce ministériel Daniel BOURGEOIS
33 Un royaume de prêtres? Adrian SCHENKER
43 L'unité de l'Église. Benoît-Dominique DE LA SOUJEOLE
71 Ministère et charisme chez Yves Congar C. VAN VLIET
73 Les diacres dans l'Église Joseph DORÉ
85 La liturgie trente ans après le Concile. Cardinal GODFRIED DANNEELS
99 Idées religieuses dans la littérature anglaise au cours des deux derniers siècles. Saverio SIMONELLI
117 Le christianisme en Afrique : se convertir à l'universel? Augustin DIBI KOUADIO

Éditorial : Georges Chantraine : L'un et l'autre sacrement

S'il est attesté dans la Tradition que Baptême et Ordre ont été très tôt distingués, il importe d'en souligner le motif théologique pour comprendre le rapport entre le sacerdoce royal ou sacerdoce commun des baptisés et le sacerdoce ministériel. C'est le sacerdoce unique du Christ s'offrant à son Père qui fonde l'un et l'autre sacerdoce, et c'est parce qu'elle a mission de transmettre un tel mystère – un Dieu livré sacramentellement – que l'Église est elle-même communion sacramentelle.

Thème

Daniel Bourgeois : L'unique sacerdoce de Jésus-Christ, le sacerdoce des baptisés et le sacerdoce ministériel

L'Église, en tant que Corps du Christ. est bien un « peuple de prêtres ». Tous les baptisés constituent une royauté sacerdotale, en tant qu'ils représentent l'union intime de l'homme avec Dieu et sa participation filiale à la vie trinitaire. Le sacerdoce ministériel montre quant à lui l'origine transcendante de la vie ecclésiale, signifiant ainsi que l'Église ne peut se constituer par elle-même, mais seulement grâce à l'oeuvre de salut accomplie par le Christ.

Adrian Schenker : Un royaume de prêtres?

Selon le texte hébreu de l'Exode, le peuple d'Israël est saint parce qu'il est gouverné par les prêtres. Mais son élection confère à tout ce peuple la dignité sacerdotale vis-à-vis des nations païennes, devenant ainsi le « royaume de prêtres » annoncé par Isaïe. La Septante développe largement ce thème, qui constituera le fondement de la réflexion néotestamentaire sur le sacerdoce universel des baptisés.

Benoît-Dominique de la Soujeole : L'unité de l'Église

Il ne faut pas durcir la distinction entre l'Église comprise comme institution, représentée par la hiérarchie sacerdotale, et l'Église comme espace de communion entre les fidèles. Structure et communion sont deux aspects de la même réalité ecclésiale, la réalité de grâce est présente dans les moyens qui la communiquent. La charité qui permet à l'Église d'être une est communiquée de l'intérieur par la médiation du sacerdoce ministériel.

Vliet : Ministère et charisme chez Yves Congar : l'ecclésiologie entre christologie et pneumatologie

Le Père Congar n'a pas proposé une théologie systématique du ministère. Il souligne cependant deux réductions possibles : un modèle essentiellement institutionnel et juridique d'une part, une vision plus subjective, où s'estompent les réalités visibles, d'autre part. Car ministère et charisme ne peuvent être considérés isolément, tous deux vivent conjointement du Christ et de l'Esprit pour constituer une Église à la fois visible et invisible, signe et sacrement de salut pour tous les hommes.

Joseph Doré: Les diacres dans l'Église

En restaurant un diaconat permanent, le Concile Vatican II retrouve dans la tradition apostolique la plus ancienne un ministère ecclésial qui appartient constitutivement au sacrement de l'ordre. Reviviscence en pleine expansion qui suscite la réflexion sur la vie de l'Église et sur le rôle qu'y tiennent les diacres. A l'image du Christ serviteur, ils sont ordonnés en vue du service... dont la triple dimension - liturgie, parole, charité - reste toujours à ajuster.

Signets

Cardinal Godfried Danneels : La liturgie trente ans après le Concile

Les profondes modifications liturgiques apportées par Vatican II permettent une plus grande participation des fidèles et une meilleure compréhension des symboles. Cependant, l'homme ne peut prendre possession de la liturgie, sous peine de la dénaturer et d'en faire une pure activité humaine, une « autocélébration » de la communauté. La liturgie sert d'abord à rendre présents les mystères de l'histoire du salut, les paroles et les actes du Christ, et par elle l'homme doit retrouver cette attitude contemplative qui seule permet de recevoir les dons de Dieu dans toute leur plénitude.

 

Saverio Simonelli: Idées religieuses dans la littérature anglaise au cours des deux derniers siècles

Dans la culture britannique des deux derniers siècles, marquée par l'utilitarisme et le réalisme, la pensée chrétienne devient un signe de contradiction, en montrant que la beauté, bien que n'étant pas un absolu en soi, est le signe de quelque chose de plus grand que l'homme. Dès qu'il reconnaît sa dépendance face à Dieu, le poète chrétien peut ainsi se reconnaître comme participant à son oeuvre créatrice et la faire découvrir à ses contemporains,
dans les enseignements de la nature comme dans la splendeur de la vérité.

Augustin Dibi Kouadio : Le christianisme en Afrique : se convertir à l'universel ?

La disponibilité – ouverture à l'autre et désir intense de communion – semble avoir prédisposé l'Afrique à accueillir le christianisme. Cependant, devant les violences qui la déchirent, on peut se demander si la parole du Christ s'y est profondément enracinée. Sans doute l'homme africain, faute d'une conscience critique des faiblesses de sa culture, ne s'éprouve-t-il pas assez en son infinie liberté, liberté qui ouvre à la conversion et à la transfiguration des limites de la nature.

Baptême et ordre : l'un et l'autre sacrement

Georges Chantraine

« Dans l'unité de la foi et du baptême, toute dignité est commune;... le signe de la croix fait des rois de tous ceux qui ont été régénérés dans le Christ, et l'onction du Saint-Esprit les consacre tous comme prêtres. » Léon le Grand, Sermons, IV, 1

Le ministère comme tel est dans l'Église du Christ un simple instrument de médiation, inventé et produit substantiellement par l'amour du Christ, dont la grâce vient couronner, chez le ministre, l'effort personnel d'imitation du Christ, lorsque le Seigneur de l'Eglise vient l'habiliter à remplir un service christiforme dans l'Eglise. Il se produit alors cette merveille : souligner la distance qui sépare le serviteur de son Seigneur, c'est en même temps le rattacher comme un instrument à l'agir du Seigneur. Hans-Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, Tome 1, Chapitre 6.

La partie thématique du présent numéro traite du sacrement du baptême et du sacrement de l'ordre. Elle ne concerne donc ni le choix de devenir chrétien, ni le choix d'un état de vie, mariage, sacerdoce ou vie consacrée, ni l'exercice d'un ministère. II s'agit du rapport entre deux sacrements, entre celui qui initie la vie chrétienne1 et celui qui fait devenir diacre, prêtre ou évêque2. Le sacrement de confirmation est ici sous-entendu3, car le baptisé reçoit normalement la confirmation4 et qui est ordonné doit avoir été confirmé5.

Pour devenir chrétien, il est nécessaire dans les circonstances ordinaires de la vie de recevoir le baptême et on ne peut exercer le diaconat, le presbytéral ou l'épiscopat sans l'ordination. Dès sa première prédication, tenue à Jérusalem
après le don de l'Esprit-Saint, saint Pierre exhorte ses trois mille auditeurs à se faire baptiser : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ pour la rémission de ses péchés et vous recevrez alors le don du Saint- Esprit. » (Actes 2, 37-38) Pierre obéit ainsi au Seigneur : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu 28, 19). [...]


 


1. Lire Laïcs et baptisés dans Communio 1979/2.

2. Lire Les prêtres dans Communio 1981/6.

3. Lire La confirmation dans Communio 1982/5.

4. Canon du Code de droit canonique, n° 889, 891.

5. Canon du Code de droit canonique, n° 1033.

Cardinal Godfried Danneels : La liturgie trente ans après le Concile

Les profondes modifications liturgiques apportées par Vatican II permettent une plus grande participation des fidèles et une meilleure compréhension des symboles. Cependant, l'homme ne peut prendre possession de la liturgie, sous peine de la dénaturer et d'en faire une pure activité humaine, une « autocélébration » de la communauté. La liturgie sert d'abord à rendre présents les mystères de l'histoire du salut, les paroles et les actes du Christ, et par elle l'homme doit retrouver cette attitude contemplative qui seule permet de recevoir les dons de Dieu dans toute leur plénitude.

 

Saverio Simonelli: Idées religieuses dans la littérature anglaise au cours des deux derniers siècles

Dans la culture britannique des deux derniers siècles, marquée par l'utilitarisme et le réalisme, la pensée chrétienne devient un signe de contradiction, en montrant que la beauté, bien que n'étant pas un absolu en soi, est le signe de quelque chose de plus grand que l'homme. Dès qu'il reconnaît sa dépendance face à Dieu, le poète chrétien peut ainsi se reconnaître comme participant à son oeuvre créatrice et la faire découvrir à ses contemporains,
dans les enseignements de la nature comme dans la splendeur de la vérité.

Augustin Dibi Kouadio : Le christianisme en Afrique : se convertir à l'universel ?

La disponibilité – ouverture à l'autre et désir intense de communion – semble avoir prédisposé l'Afrique à accueillir le christianisme. Cependant, devant les violences qui la déchirent, on peut se demander si la parole du Christ s'y est profondément enracinée. Sans doute l'homme africain, faute d'une conscience critique des faiblesses de sa culture, ne s'éprouve-t-il pas assez en son infinie liberté, liberté qui ouvre à la conversion et à la transfiguration des limites de la nature.


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