Maîtres et voleurs

« Volez, c’est moins cher ». Tel est le slogan qu’utilisait récemment une agence de voyages pour attirer le chaland. Cet humour grinçant est révélateur. D’abord en rappelant que, depuis quelques années, notre logique commerciale tient compte des pratiques frauduleuses – à tel point qu’elles sont intégrées dans le prix de revient des marchandises, et répercutées sur leur prix de vente. Mais surtout parce qu’il montre combien le vol se déduit des valeurs matérialistes sur lesquelles reposent nos échanges : si la valeur suprême est la valeur marchande, elle impose de rechercher le prix le plus bas – et rien n’est moins cher que de se servir sans payer. Ainsi, le vol apparaît, non plus comme un effet pervers de la société de consommation, mais comme sa vérité inéluctable.

Il faut le reconnaître : nous sommes dans une société où certains n’ont pour vivre d’autre recours que la mendicité ou le vol, où d’autres détournent le pouvoir et la richesse pour leurs intérêts particuliers. Mais il y a plus grave : beaucoup n’ont plus conscience de ce qu’ils doivent et à qui. Nous sommes dans une société où le vol apparaît à certains légitime, – de brutales explosions de violence viennent parfois nous le rappeler – et le vol de certains biens n’est plus toujours poursuivi. Les uns se sentent volés de leurs droits, quand les autres se jugent au-dessus des lois. Les futurs voleurs
s’estiment volés, et les volés à leur tour se rattrapent sur les suivants. Cette situation traduit la crise de deux notions : la propriété et la justice. – La propriété, parce que les biens ne sont plus toujours [...]

 

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