Au-delà de la destruction du bien social qu’il entraîne, le vol peut être considéré comme modèle des autres interdits du Décalogue, car il revient à idolâtrer les biens de ce monde au point d’en faire l’objet d’une possession exclusive, qui est préférée à Dieu et au prochain. Est exclus de cette catégorie le vol par nécessité, car le bien dérobé est immédiatement consommé. Le Christ fait l’éloge de la dépense, et nous invite au détachement exigé de celui qui attend l’avènement du Royaume, et qui est prêt à se laisser dépouiller par Celui qui viendra comme un voleur, le Fils de l’Homme.
Éditorial : Olivier Boulnois : Maîtres et voleurs
Quel sens donner au septième commandement dans une société où l’interdit du vol semble avoir perdu sa pertinence ? La crise des notions de justice et de propriété renvoie le chrétien au fondement même du commandement : l’interdit de l’idolâtrie que représente le culte de la richesse en s'opposant à la destination universelle des biens.
Thème
Vincent Carraud : La haine du vol et l’amour du Voleur
Parce qu’il ordonne l’objet volé à la jouissance personnelle du voleur et non au bien commun, le vol sacralise la propriété et manifeste l’idolâtrie de la possession. Or, la venue du Fils de l’Homme nous dépouillera de tout par surprise : le Christ viendra comme un voleur.
Hans Giesen : La propriété jugée par Jésus
Si nul ne peut avoir deux maîtres, une gestion responsable de la propriété est cependant possible. La seule manière d’échapper aux tentations des biens de ce monde est de les transformer en aumônes, en ordonnant les richesses au Christ qui seul peut nous en délivrer en vue du Royaume de Dieu.
Carlos-Josaphat Pinto de Oliveira : Le vol et le droit de propriété dans l’éthique chrétienne de Thomas d’Aquin
Dans la pensée de saint Thomas, la propriété privée n’est pas une concession à la faiblesse humaine, elle permet à l’homme d’exercer ses responsabilités visà- vis de la création et de la société. Mais elle doit être le fait de « lois justes » et de « moeurs vertueuses » de la part de la communauté des citoyens, de manière à échapper à toute privatisation de la morale et à utiliser les richesses en vue du bien commun.
Cardinal Mario Martini : Le vocabulaire du Jubilé
Interview accordée au journaliste Giuseppe De Carli.
Nicolas Baverez : Le développement, c’est le vol ?
Le développement parce qu’il relève de l’ordre des moyens et non des fins, n’est par nature ni juste, ni injuste : il crée les conditions préalables, mais ne suffit pas à provoquer la rupture du cercle de la misère, de la dépendance et de l’oppression. Seules la volonté des hommes et la qualité des institutions qu’ils se donnent peuvent décider d’en faire un instrument d’aliénation ou de libération, de le mettre au service d’une minorité ou du bien commun.
Dossier : La responsabilité
Nous publions ici une partie des actes du colloque de Bordeaux (1er février 1997) organisé par Claudie Lavaud, Professeur de philosophie à l’Université de Bordeaux-III, et Michel Belly, Professeur d’espagnol, Directeur adjoint du collège Saint-Genès à Bordeaux, sous la présidence de Son Éminence le Cardinal Pierre Eyt, archevêque de Bordeaux.
Jean Mesnard : L’invention de la responsabilité
A serrer de près l’histoire du mot responsabilité, on peut en analyser plus solidement le sens. L’idée du lien entre la personne et l’acte est toujours fondamentale, que la relation soit saisie de l’extérieur (par le juge ) ou de l’intérieur (par la conscience du sujet ). La responsabilité exalte alors une forme de grandeur humaine qui n’est pas toujours compatible avec la morale chrétienne : le Christ, se portant caution de notre péché, assume une responsabilité d’un autre ordre.
Claudie Lavaud : Pour être responsable, faut-il être libre ? Petite catéchèse sur Genèse 2-3
La responsabilité se définit comme l’attitude d’un sujet capable de répondre à un appel qui le rend libre. C’est la méconnaissance de cet appel qui, dans la Genèse, rompt la relation avec Dieu et pervertit l’échange entre l’homme et la femme. Le Christ, au contraire, vient rétablir cette relation par sa réponse filiale au Don premier du Père.
Jean-Marc Trigeaud : Culpabilité et responsabilité
La faute juridique engageant la responsabilité se réfère à une nature abstraite et générique de l’homme, tandis que la faute morale suppose le recours à la dignité de la personne. La loi civile doit rétablir la justice blessée par un acte extérieur, mais la faute morale, souvent invisible, relève du jugement divin, elle seule peut être objet de pardon.
Signets
Gérard Cholvy : Frédéric Ozanam (1813-1853) : un saint laïc pour notre temps
Soucieux de mettre ses actes en rapport avec ses idées, Frédéric Ozanam, au milieu des luttes anticléricales, porte son témoignage sur tous les fronts. Présent aux pauvres avec la société Saint Vincent de Paul, il défend, à l’université qu’il sert de toute sa compétence, la cause de la science chrétienne, tout en restant fidèlement attaché à l’Église et au pape. Sans que cette fidélité l’empêche d’adhérer à son temps et d’être un précurseur de la démocratie chrétienne.
Frantisvek X. Halas : Saint Adalbert et l’idée d’Europe
Mort exilé et martyr en Prusse en 997, l’évêque de Prague Adalbert est devenu un des principaux saints patrons de la Bohême. Mille ans après, l’exemple de ce prélat clairvoyant, ami du pape et de l’empereur, nous rappelle que l’Europe n’a de sens que dans la fidélité à ses racines chrétiennes.
Jacques Perrier : L’abbé Stock (1904-1948)
Dans une vie qui assume pour les dépasser les conflits et les haines qui déchirent la France et l’Allemagne, l’abbé Stock, compagnon de saint François devenu « aumônier de l’enfer », s’est engagé sur la voie des Béatitudes : il a ainsi rempli, dans les pires conditions, sa mission de prêtre auprès de tous ceux qui lui furent confiés.
Brèves
Olivier Boulnois : Réflexions sur le Pacte d’Intérêt Commun
Maîtres et voleurs
Olivier Boulnois
«Vous ne commettrez point d’injustice dans les sentences, dans les mesures de longueur, de poids et de capacité. Vous aurez des balances justes, des poids justes, une mesure juste, un setier juste. Je suis Yahvé votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Égypte. Gardez toutes mes lois et toutes mes coutumes, mettez-les en pratique. Je suis Yahvé. » Lévitique 19, 35-37
« Volez, c’est moins cher ». Tel est le slogan qu’utilisait récemment une agence de voyages pour attirer le chaland. Cet humour grinçant est révélateur. D’abord en rappelant que, depuis quelques années, notre logique commerciale tient compte des pratiques frauduleuses – à tel point qu’elles sont intégrées dans le prix de revient des marchandises, et répercutées sur leur prix de vente. Mais surtout parce qu’il montre combien le vol se déduit des valeurs matérialistes sur lesquelles reposent nos échanges : si la valeur suprême est la valeur marchande, elle impose de rechercher le prix le plus bas – et rien n’est moins cher que de se servir sans payer. Ainsi, le vol apparaît, non plus comme un effet pervers de la société de consommation, mais comme sa vérité inéluctable.
Il faut le reconnaître : nous sommes dans une société où certains n’ont pour vivre d’autre recours que la mendicité ou le vol, où d’autres détournent le pouvoir et la richesse pour leurs intérêts particuliers. Mais il y a plus grave : beaucoup n’ont plus conscience de ce qu’ils doivent et à qui. Nous sommes dans une société où le vol apparaît à certains légitime, – de brutales explosions de violence viennent parfois nous le rappeler – et le vol de certains biens n’est plus toujours poursuivi. Les uns se sentent volés de leurs droits, quand les autres se jugent au-dessus des lois. Les futurs voleurs
s’estiment volés, et les volés à leur tour se rattrapent sur les suivants. Cette situation traduit la crise de deux notions : la propriété et la justice. – La propriété, parce que les biens ne sont plus toujours [...]
Pour lire la suite de cet éditorial, vous pouvez télécharger gratuitement ce numéro, acheter la version papier ou vous abonner pour recevoir tous les numéros!
Dossier : La responsabilité
Nous publions ici une partie des actes du colloque de Bordeaux (1er février 1997) organisé par Claudie Lavaud, Professeur de philosophie à l’Université de Bordeaux-III, et Michel Belly, Professeur d’espagnol, Directeur adjoint du collège Saint-Genès à Bordeaux, sous la présidence de Son Éminence le Cardinal Pierre Eyt, archevêque de Bordeaux.
Jean Mesnard : L’invention de la responsabilité
A serrer de près l’histoire du mot responsabilité, on peut en analyser plus solidement le sens. L’idée du lien entre la personne et l’acte est toujours fondamentale, que la relation soit saisie de l’extérieur (par le juge ) ou de l’intérieur (par la conscience du sujet ). La responsabilité exalte alors une forme de grandeur humaine qui n’est pas toujours compatible avec la morale chrétienne : le Christ, se portant caution de notre péché, assume une responsabilité d’un autre ordre.
Claudie Lavaud : Pour être responsable, faut-il être libre ? Petite catéchèse sur Genèse 2-3
La responsabilité se définit comme l’attitude d’un sujet capable de répondre à un appel qui le rend libre. C’est la méconnaissance de cet appel qui, dans la Genèse, rompt la relation avec Dieu et pervertit l’échange entre l’homme et la femme. Le Christ, au contraire, vient rétablir cette relation par sa réponse filiale au Don premier du Père.
Jean-Marc Trigeaud : Culpabilité et responsabilité
La faute juridique engageant la responsabilité se réfère à une nature abstraite et générique de l’homme, tandis que la faute morale suppose le recours à la dignité de la personne. La loi civile doit rétablir la justice blessée par un acte extérieur, mais la faute morale, souvent invisible, relève du jugement divin, elle seule peut être objet de pardon.
Signets
Gérard Cholvy : Frédéric Ozanam (1813-1853) : un saint laïc pour notre temps
Soucieux de mettre ses actes en rapport avec ses idées, Frédéric Ozanam, au milieu des luttes anticléricales, porte son témoignage sur tous les fronts. Présent aux pauvres avec la société Saint Vincent de Paul, il défend, à l’université qu’il sert de toute sa compétence, la cause de la science chrétienne, tout en restant fidèlement attaché à l’Église et au pape. Sans que cette fidélité l’empêche d’adhérer à son temps et d’être un précurseur de la démocratie chrétienne.
Frantisvek X. Halas : Saint Adalbert et l’idée d’Europe
Mort exilé et martyr en Prusse en 997, l’évêque de Prague Adalbert est devenu un des principaux saints patrons de la Bohême. Mille ans après, l’exemple de ce prélat clairvoyant, ami du pape et de l’empereur, nous rappelle que l’Europe n’a de sens que dans la fidélité à ses racines chrétiennes.
Jacques Perrier : L’abbé Stock (1904-1948)
Dans une vie qui assume pour les dépasser les conflits et les haines qui déchirent la France et l’Allemagne, l’abbé Stock, compagnon de saint François devenu « aumônier de l’enfer », s’est engagé sur la voie des Béatitudes : il a ainsi rempli, dans les pires conditions, sa mission de prêtre auprès de tous ceux qui lui furent confiés.
Brèves
Olivier Boulnois : Réflexions sur le Pacte d’Intérêt Commun
Prix HT €* | TVA % | Prix TTC* | Stock |
---|---|---|---|
11.75€ | 2.10% | 12.00€ | 16 |
Titre | Prix HT € | TVA % | Prix TTC | Action |
---|---|---|---|---|
Décalogue VII: Tu ne voleras pas - pdf | Gratuit pour tout le monde | Télécharger |