Les deux sexes : vers un dépassement de l’anthropologie

Au lieu de penser la différence sur un fond commun d'identité, il nous faut comprendre la différence sexuelle comme une donnée première : l'homme et la femme forment une dualité irréductible, complémentaire mais concordante.

Le premier écrit philosophique qui ait traité de la dualité sexuelle de l’homme – le seul pendant des siècles –, le Banquet de Platon, donne le premier rôle à une femme, Diotime. C’est elle qui met Socrate en possession de la révélation métaphysique suprême. Il ne s’agit pas d’un hasard. Dans la Divine Comédie de Dante, c’est également une femme, Béatrice (la « béatifiante »), qui emmène le poète au ciel. Plus près de nous, dans le drame cosmico-religieux de Paul Claudel, Le Soulier de Satin, une femme encore – Doña Prouhèze – joue le premier rôle. Il ne s’agit pas seulement d’un hommage à « l’éternel féminin » de Goethe, qui nous « entraîne dans les hauteurs ». La relation mutuelle dans la différence des deux sexes ouvre à l’homme un accès à la transcendance.

Jusqu’à présent, on n’a pas beaucoup pensé en philosophie la dualité sexuelle de l’homme. La différence des sexes  a été admise comme une évidence sur laquelle il ne vaut pas la peine de prolonger la réflexion. Elle se trouve d’ailleurs presque partout dans la nature et sa finalité est aisée à percevoir. Elle sert à la reproduction et la dualité des sexes doit produire à chaque fois de nouvelles combinaisons de matériel héréditaire¹.  [...]