De la résistance à l’invention. La vie religieuse face à la modernité

R. P. Guy BEDOUELLE
Un Dieu souffrant? - n°169 Septembre - Décembre 2003 - Page n° 127

Après une phase de rejet par la modernité (1760-1830), puis des phases d'opposition alternative à la modernité (1830-1870) ou de confrontation avec celle-ci (1870-1960), la vie religieuse est présentement (1960-2000) dans une situation de relative réconciliation avec cette modernité.

Le mot « moderne » est-il si moderne ? Le Père Chenu, dans son investigation sur le tournant des XIIe-XIIIe siècles, en avait trouvé bien des occurrences chez les philosophes et théologiens médiévaux, et lui-même n’hésitait pas à qualifier Abélard de « premier homme moderne ». Au XIVe et au XVe siècle, en théologie la via moderna s’opposait à la via antiqua mais avait droit de cité dans les Universités tandis que s’épanouissait une devotio moderna dont les caractéristiques étaient de fait nouvelles : elle était une spiritualité non cléricale, non liturgique, non spécifiquement dogmatique et trinitaire, mais laïque, intime et personnelle, morale et christologique.

Pour les historiens, l’âge moderne naît au XVIe siècle avec l’humanisme et les Réformes protestante et catholique.  De fait, il s’agit bien là d’une période de transition. Luther mais aussi Ignace de Loyola ont des personnalités dont bien des traits les apparentent à la mentalité médiévale, mais ils possèdent aussi des perceptions géniales qui leur font anticiper la modernité ou même la construisent. Érasme ou Calvin sont d’emblée plus en accord avec leur époque, le premier par son intelligence servie par une sensibilité aux questions de son temps ; le second par son goût d’une clarté déjà pré-cartésienne.

Et puis, il y a ce concept d’histoire de la culture et des idées qu’on englobe sous le terme, vague peut-être mais très courant, de modernité, désignant par là la période qui s’étend de l’Aufklärung jusqu’à nos jours, quoi qu’il en soit des aspects post-modernes qu’on croit déceler ça ou là. C’est une période pendant laquelle l’Église catholique a été persécutée, mais où elle a dû aussi, pour le bien des fidèles en premier lieu, s’accommoder de cette modernité. Sur  de nombreux points, elle en a relevé le défi et a innové. [...]

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