Démocratie, humanisme et spiritualité

On ne peut raisonner de la même façon sur la société comme corps constitué globalement ou en prenant en compte ses composantes individuelles. Sur  la première peut s’exercer une réflexion purement politique, mais dans le second cas, il conviendra d’embrasser des réalités plus hautes. La démocratie ne peut se développer qu’en se fondant sur des valeurs qui la dépassent. Elle est à ce prix.

Les définitions courantes de la démocratie frappent par leur caractère très abstrait. Parler de gouvernement du peuple par le peuple, c’est-à-dire du tout par le tout, c’est créer une formule ingénieuse et séduisante ; ce n’est pas atteindre un vécu, ni même le faire réellement concevoir. Ce qui alors est à l’œuvre est le langage ; c’est, évidemment, le nombre, introduisant toutes les mathématiques ; dans le meilleur des cas, c’est la raison. Ce qui est saisi est une forme vide, dont on peut surtout espérer pouvoir la remplir. C’est sur l’obligation de la remplir que cette brève étude voudrait attirer l’attention et sur la façon de le faire qu’elleessaiera d’amorcer une réflexion. Une réflexion dont il y a tout lieu de douter qu’elle puisse être conduite selon les lois d’une plate rationalité, et qui n’atteindra la totalité qu’en faisant place, non seulement à la politique, mais à l’humanisme et à la spiritualité.

Lacunes et attentes de la démocratie

Reconnaissons d’abord que, sous la vacuité initiale, se cache une attente, la conscience d’un manque, le besoin d’une émergence conceptuelle. Et d’abord une déception : celle qu’entraîne souvent le régime politique le plus répandu dans le monde, sous des formes diverses, la monarchie, le gouvernement du peuple par un seul, qu’il prenne le titre de roi ou exerce sous d’autres noms les mêmes fonctions. Et pourtant ce régime possède un avantage sur la création largement artificielle qui se profile avec la démocratie. Il ne joue pas au même degré que celle-ci de rapports entre nombres, se bornant à opposer un seul au tout. Encore cette perspective numérique, quantitative, n’est-elle apparue que tardivement, portée par la polémique. À l’origine, elle était très secondaire par rapport à la prise en compte d’une [...]

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