Quelle visibilité pour l’invisible ? L’Hypostase du Père

Le Père reste invisible, mais il se rend visible dans le Fils. Cette constante de la théologie trinitaire doit évidemment gouverner les tentatives de l’iconographie chrétienne : à quelles conditions l’art peut-il faire voir l’invisible dans le visible ? Le regard contemporain garde-t-il encore les capacités de le voir ?

 

1. Le Dieu que nul n’a jamais vu

Le Logos n’aurait pas été au commencement, le Logos n’aurait pas été tourné vers Dieu, le Logos n’aurait même pas été Dieu, et surtout le Logos n’aurait même jamais été sans le principe à partir duquel il est éternellement engendré. Cette divine et éternelle antériorité, qui engendre éternellement la divinité du Christ, et d’où procède éternellement la divinité de l’Esprit Saint, a donc un caractère originaire.

Évidemment, il faut penser cette antériorité éternelle comme co-originaire à la divinité du Fils et du Saint-Esprit, mais aussi comme marquée par le fait qu’en elle réside hypostatiquement la source originaire de la divinité. C’est ce qui permet aux trois hypostases trinitaires, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, d’être authentiquement Dieu, selon l’identité ontologique de leur ousia commune, comme selon l’identité et la différence hypostatique de leur être : Dieu Père, Dieu Fils, Dieu Saint-Esprit. La tradition de l’Orient chrétien a surtout souligné le caractère originaire de l’hypostase de Dieu le Père, ce qui a été perçu presque comme un excès par l’Occident chrétien, car cela a conduit à attribuer à Dieu le Père un rôle de monarque dans la communio intra-trinitaire. L’Occident, tout en déclarant le Père source de la divinité, tend à identifier de façon plus équilibrée cette même divinité de Dieu avec l’ousia que partagent les trois hypostases trinitaires, chacune simultanément et selon un mode commun. Mais l’Orient semble interpréter cette même divinité comme un flux dynamique, ayant sa source originaire dans le Père, et allant jusqu’à acquérir dans le Fils et l’Esprit une spécificité qui lui permet de devenir à la fois le fondement de leur identité hypostatique et celui de leur constitution divine.

L’identification du Père avec la source monarchique de la divinité appartient à l’aube de la réflexion trinitaire. La puissance de cette perspective ne se révèle que si on considère l’intensité de son enracinement dans l’humus chrétien originaire, qu’il soit orthodoxe ou hétérodoxe. Si la vision monarchienne souligne la divinité de l’hypostase du Père, de telle façon que les hypostases du Fils et du Saint-Esprit sont réduites à une sorte d’épiphénomène qui manifeste l’unicité [...]

 

Pour lire la suite de cet article, vous pouvez acheter ce numéro ou vous abonner pour recevoir tous les numéros!


Revue papier

Prix HT €* TVA % Prix TTC* Stock
17.63€ 2.10% 18.00€ 35

Revue numérique

Titre Prix HT € TVA % Prix TTC Action
Notre Père I: Notre Père qui es aux cieux - pdf Gratuit pour tout le monde Télécharger