n°238 Notre Père I: Notre Père qui es aux cieux Mars - Juin 2015*


Notre Père qui es aux cieux : dans ce premier des cinq cahiers prévus sur le Notre Père, la première phrase est étudiée dans son contexte biblique et rabbinique et dans sa signification théologique. Désigner Dieu comme le Père commun des disciples de Jésus, c’est affirmer qu’Il est le principe de toute chose ; c’est aussi reconnaître que « sans le Fils, le Père ne serait pas Père » (saint Athanase, IVe siècle).

Ce premier des cinq cahiers consacrés au Notre Père porte sur l’appel (« notre Père des cieux »), dont chaque mot demande une interprétation approfondie :

« notre » : est-ce la prière de Jésus ou celle des disciples ?

« Père » : quel est le sens du mot lorsqu’on s’adresse à Dieu ?

« Des cieux » : que signifie cette indication topographique ?

Enfin, entre intimité et distance, où se trouve le fidèle qui prononce ces paroles ?

Chacun des cinq auteurs – deux Français, un Allemand (qui réside à Vienne), un italien et un Tchèque (qui enseigne en Afrique) – s’efforce de répondre à ces questions. Mais la compréhension la plus adéquate est peut-être celle qui sort du cœur de Charles de Foucauld dans sa paraphrase de 1897.

Page Titre Auteur(s)
9 Traditionnelle et originale, une prière unique Jean-Robert ARMOGATHE
14 Méditation sur le Notre Père Charles de FOUCAULD
17 Dieu ≪ réside-t-il ≫ dans les cieux ? Olivier ARTUS
31 Le Père qui est là-haut Jean-Robert ARMOGATHE
41 « Sans le Fils, le Père ne serait pas Père ≫ Jan-Heiner TÜCK
57 Quelle visibilité pour l’invisible ? L’Hypostase du Père Piergiuseppe BERNARDI
77 « Père dans le secret ≫ (Matthieu 6,6.18) Pavel VOJTÉCH KOHUT
98 Au-delà de la tristesse, l’action de grâces Yves-Marie Hilaire (1927-2014) Olivier CHALINE
101 Yves-Marie Hilaire et le Nord Xavier BONIFACE
107 Yves-Marie Hilaire et l’Histoire religieuse Gérard CHOLVY
115 Yves-Marie Hilaire, historien de la Papauté Jacques PRÉVOTAT
125 Peindre le Dieu caché – quelques remarques sur la théologie implicite de Nicolas Poussin Paul GUILLON
135 « Substantiation » Ontologie du changement eucharistique Robert SPAEMANN
142 Un programme : Communio Hans Urs VON BALTHASAR
158 Communio : un programme Joseph Ratzinger BENOÎT XVI
170 Communio, 40 ans après : comment et pour quoi ? Jean-Luc MARION
180 Les tâches nouvelles et la mission de Communio au vingt et unième siècle Angelo SCOLA

Éditorial Jean-Robert Armogathe : Traditionnelle et originale, une prière unique

Thème : Notre Père I

Charles de Foucauld : Méditation sur le Notre Père 

À Rome, le 23 janvier 1897, le bienheureux Charles de Foucauld rédigea une paraphrase du Notre Père. Il se préparait à quitter la Trappe pour partir à Nazareth.

Olivier Artus : Dieu « réside-t-il » dans les cieux ? Éléments d’une « géographie théologique » de la Bible hébraïque

Distant ou proche ? « Les cieux » de la Bible hébraïque soulignaient la distance entre Dieu et les hommes ; dans la prière dominicale, le Fils nous invite à nous rapprocher d’un Père céleste qui se met à notre portée.

Jean-Robert Armogathe : Le Père qui est là-haut

L’arrière-plan liturgique juif est essentiel : il permet aussi de saisir l’originalité de « l’appel » de la prière que Jésus enseigne à ses disciples.

Jan-Heiner Tück : « Sans le Fils, le Père ne serait pas Père » Remarques sur la révolution opérée au concile de Nicée sur la notion de Père

L’affirmation du Père est essentielle à la Trinité. Contre l’arianisme du ive siècle et ses avatars modernes, elle maintient la divinité du Fils sans rien réduire de son humanité.

Piergiuseppe Bernardi : Quelle visibilité pour l’invisible ? L’Hypostase du Père

Le Père reste invisible, mais il se rend visible dans le Fils. Cette constante de la théologie trinitaire doit évidemment gouverner les tentatives de l’iconographie chrétienne : à quelles conditions l’art peut-il faire voir l’invisible dans le visible ? Le regard contemporain garde-t-il encore les capacités de le voir ? 

Pavel Vojtěch Kohut : « Père dans le secret » (Matthieu 6,6.18) La proximité insaisissable du Père des évangiles dans l’expérience chrétienne 

Dieu intime et proche reste insaisissable, mais la relation de filiation permet un rapport particulier qui respecte la distance et accepte l’intimité, comme en témoignent les mystiques du Carmel.

Dossier In memoriam : Yves-Marie Hilaire

Olivier Chaline : Au-delà de la tristesse, l’action de grâces Yves-Marie Hilaire (1927-2014) 

Le propos de ce dossier est de mettre en évidence, sans prétention à l’exhaustivité, quelques traits majeurs de l’apport d’Yves-Marie Hilaire à Clio et à l’Église.

Xavier Boniface : Yves-Marie Hilaire et le Nord

Gérard Cholvy : Yves-Marie Hilaire et l’Histoire religieuse

Jacques Prévotat : Yves-Marie Hilaire, historien de la Papauté

Signets

Paul Guillon : Peindre le Dieu caché

Poussin, peintre de paysages, alternant thèmes religieux et profanes, mêlant parfois dieux de l’Antiquité et sujets bibliques, est parfois présenté comme un peintre syncrétique ou panthéiste. La foi chrétienne de Poussin est pourtant prise au sérieux par l’exposition « Poussin et Dieu » qui se tient actuellement au Louvre. En écho à ce titre, l'auteur médite sur la discrétion avec laquelle Dieu le Père est figuré dans l'oeuvre du peintre, et montre que Poussin se tient bien au coeur de la tension propre à l’art chrétien : éviter l’idolâtrie tout en représentant un Dieu incarné, qui révèle sa divinité en la cachant. 

Robert Spaemann : « Substantiation » Ontologie du changement eucharistique 

Pour nommer ce qui se produit dans le changement eucharistique, ni le terme traditionnel de transsubstantiation, ni celui, plus récent, de transsignification ne sont adéquats. La transsubstantiation insiste trop sur l’aspect matériel du changement, alors que la transsignification y insiste trop peu, risquant ainsi de déréaliser ce changement. Le terme substantiation serait plus juste. Il indique que le pain devient substance seulement dans le pain eucharistique, pain véritable, c’est-à-dire nourriture de vie éternelle. 

Dossier : Les quarante ans de Communio

Hans Urs von Balthasar : Un programme : Communio

À quelles conditions les chrétiens, qui doivent sans cesse repenser leur situation entre Dieu et le monde, peuvent-ils entrer en relation avec ce dernier ? Réfléchissant à la notion de communio, Balthasar, fondateur de la revue, expose, en 1972, dans cet article programmatique, le principe, la portée de l’entreprise et l’exigence ainsi requise. 

Joseph Ratzinger : Communio : un programme

À l'occasion de l’anniversaire des vingt ans de Communio, le cardinal Ratzinger, en 1992, rappelle les circonstances de la naissance de la revue, et le sens de la communio dont elle se veut porteuse. Il s'agit, dans ces années placées sous le signe de Vatican II, de comprendre le Concile à travers l'ensemble de la Tradition et d'insister sur une idée alors méconnue: l'Église d'ici-bas n’est telle que par sa communio à celle d’en-haut. Ce n'est que par la diffusion, l'explication et l'illustration de ce message que la revue pourra espérer être fidèle à son nom. 

Jean-Luc Marion : Communio, 40 ans après : comment et pour quoi ?

Celui qui fut le premier rédacteur en chef de l’édition francophone de la revue rappelle ici le contexte qui vit naître cette entreprise, évoque ses débuts, et précise la perspective : la pensée chrétienne innove d’autant plus qu’elle s'enracine dans l’accomplissement originel du Christ ressuscité. Esquissant un examen de conscience, il s’interroge sur l’avenir.

Cardinal Angelo Scola : Les tâches nouvelles et la mission de Communio au vingt et unième siècle 

Plus de quarante ans après les origines, vingt-cinq ans après la mort de Hans Urs von Balthasar, un « deuxième souffle » paraît nécessaire. Pour permettre cette reprise, le cardinal Scola, coordinateur de l’ensemble des revues Communio, propose cette note à la réflexion des différentes rédactions. Elle pourrait constituer comme un manifeste pour fixer les objectifs ecclésiaux des revues, dans la fidélité au renouveau conciliaire et dans un engagement missionnaire renouvelé.

Traditionnelle et originale: une prière unique

Jean-Robert Armogathe

« Lorsque nous parlons au Père avec la prière que le Fils nous a enseignée, nous sommes plus facilement écoutés. » Cyprien de Carthage [v.200-258], Sur la prière du Seigneur 

« Il faudrait que chaque être humain parvienne à réciter parfaitement le Notre Père : ce serait l’apparition du Royaume. ». Jacqueline Rastoin (1934-2008), La Torah sculpte le Christ. Réflexions et aphorismes, Éditions du Carmel, 2013, p. 33.

 

La prière commune des chrétiens présente un caractère très original: la tradition scripturaire la présente en effet comme un texte créé par Jésus et destiné à servir de prière à ceux qui se reconnaissent pour ses disciples. La prière quotidienne des chrétiens passe ainsi pour avoir été composée par le fondateur — d’où  son appellation d’« oraison dominicale », de « prière du Seigneur ».

La question est moins simple qu’il n'y paraît : elle figure bien dans deux des trois Évangiles synoptiques, chez Matthieu et chez Luc, mais elle s’y trouve dans deux contextes différents et avec quelques variantes majeures. DansMatthieu, la prière survient dans une longue succession de « discours » (Matthieu 7, 28 : « après que Jésus eut achevé ces discours… ») ou « enseignements » aux disciples (Matthieu 5, 2 : « Jésus les enseigna et dit… »). Jésus énumère les différences entre « ce qui a été dit aux anciens » et son propre enseignement ; une série de logia (de « dits ») concerne l’aumône, la prière et le jeûne. Jésus oppose ici son enseignement au comportement des païens, et non plus à celui des Juifs : « en priant, ne multipliez pas les vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles, ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. Voici donc comment vous devez prier : … » (Matthieu 6, 7-9).

On notera que « votre Père » apparaît dès le verset d’introduction, où est évacué le besoin de la prière de demande.

Le contexte du Pater est différent chez Luc (11, 1-4). Jésus n’enseigne pas, il prie. « Lorsque il eut achevé, un de ses disciples lui dit ». Il s’agit ici d’une demande adressée par un disciple à Jésus, et non pas d’un enseignement spontané de Jésus. La demande est motivée expressément : « Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean a enseigné à ses disciples ». On notera que la demande ne porte pas sur une prière spécifique, mais sur l’enseignement à la prière : comment faut-il prier ? À cette demande pour ainsi dire méthodologique, Jésus répond en donnant un formulaire de prière : « quand vous priez, dites » [...]

 

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Dossier In memoriam : Yves-Marie Hilaire

Olivier Chaline : Au-delà de la tristesse, l’action de grâces Yves-Marie Hilaire (1927-2014) 

Le propos de ce dossier est de mettre en évidence, sans prétention à l’exhaustivité, quelques traits majeurs de l’apport d’Yves-Marie Hilaire à Clio et à l’Église.

Xavier Boniface : Yves-Marie Hilaire et le Nord

Gérard Cholvy : Yves-Marie Hilaire et l’Histoire religieuse

Jacques Prévotat : Yves-Marie Hilaire, historien de la Papauté

Signets

Paul Guillon : Peindre le Dieu caché

Poussin, peintre de paysages, alternant thèmes religieux et profanes, mêlant parfois dieux de l’Antiquité et sujets bibliques, est parfois présenté comme un peintre syncrétique ou panthéiste. La foi chrétienne de Poussin est pourtant prise au sérieux par l’exposition « Poussin et Dieu » qui se tient actuellement au Louvre. En écho à ce titre, l'auteur médite sur la discrétion avec laquelle Dieu le Père est figuré dans l'oeuvre du peintre, et montre que Poussin se tient bien au coeur de la tension propre à l’art chrétien : éviter l’idolâtrie tout en représentant un Dieu incarné, qui révèle sa divinité en la cachant. 

Robert Spaemann : « Substantiation » Ontologie du changement eucharistique 

Pour nommer ce qui se produit dans le changement eucharistique, ni le terme traditionnel de transsubstantiation, ni celui, plus récent, de transsignification ne sont adéquats. La transsubstantiation insiste trop sur l’aspect matériel du changement, alors que la transsignification y insiste trop peu, risquant ainsi de déréaliser ce changement. Le terme substantiation serait plus juste. Il indique que le pain devient substance seulement dans le pain eucharistique, pain véritable, c’est-à-dire nourriture de vie éternelle. 

Dossier : Les quarante ans de Communio

Hans Urs von Balthasar : Un programme : Communio

À quelles conditions les chrétiens, qui doivent sans cesse repenser leur situation entre Dieu et le monde, peuvent-ils entrer en relation avec ce dernier ? Réfléchissant à la notion de communio, Balthasar, fondateur de la revue, expose, en 1972, dans cet article programmatique, le principe, la portée de l’entreprise et l’exigence ainsi requise. 

Joseph Ratzinger : Communio : un programme

À l'occasion de l’anniversaire des vingt ans de Communio, le cardinal Ratzinger, en 1992, rappelle les circonstances de la naissance de la revue, et le sens de la communio dont elle se veut porteuse. Il s'agit, dans ces années placées sous le signe de Vatican II, de comprendre le Concile à travers l'ensemble de la Tradition et d'insister sur une idée alors méconnue: l'Église d'ici-bas n’est telle que par sa communio à celle d’en-haut. Ce n'est que par la diffusion, l'explication et l'illustration de ce message que la revue pourra espérer être fidèle à son nom. 

Jean-Luc Marion : Communio, 40 ans après : comment et pour quoi ?

Celui qui fut le premier rédacteur en chef de l’édition francophone de la revue rappelle ici le contexte qui vit naître cette entreprise, évoque ses débuts, et précise la perspective : la pensée chrétienne innove d’autant plus qu’elle s'enracine dans l’accomplissement originel du Christ ressuscité. Esquissant un examen de conscience, il s’interroge sur l’avenir.

Cardinal Angelo Scola : Les tâches nouvelles et la mission de Communio au vingt et unième siècle 

Plus de quarante ans après les origines, vingt-cinq ans après la mort de Hans Urs von Balthasar, un « deuxième souffle » paraît nécessaire. Pour permettre cette reprise, le cardinal Scola, coordinateur de l’ensemble des revues Communio, propose cette note à la réflexion des différentes rédactions. Elle pourrait constituer comme un manifeste pour fixer les objectifs ecclésiaux des revues, dans la fidélité au renouveau conciliaire et dans un engagement missionnaire renouvelé.


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