Thérèse : "Je serai l’Amour"

Comment expliquer cette phrase stupéfiante, écrite par une jeune carmélite malade, inconnue, et l'extraordinaire rayonnement de celle qui devint sainte Thérèse de l'enfant Jésus ? Sans doute parce qu'elle a voulu jusqu'au bout de ses forces s'identifier au Christ , en vivant pleinement de son amour miséricordieux.

« Dans le coeur de l’Église, ma Mère, je serai l’Amour¹»
(Ms B, 3 v°)

Cette phrase à laquelle le monde thérésien est habitué est profondément stupéfiante. Comment une jeune carmélite inconnue, dans un petit Carmel de province, pouvait écrire une telle « énormité » le 8 septembre 1896 ? Constatons par ailleurs que dans son oeuvre écrite, on compte 756 fois le mot « amour » et 704 fois le verbe « aimer ». Quant au nom de Jésus, il apparaît 1 616 fois. Le rapprochement s’impose : cet amour est d’abord l’amour de Jésus. Le mystère de l’Incarnation est au centre de sa foi. À cet égard ses poésies sont très explicites : la majorité exprime un cri d’amour pour Jésus. Les exemples abondent :

«Ô tendre Amour ! » (PN 1, 6)
« Je vis d’Amour. » (PN 17)
« Le Christ est mon Amour, il est toute ma vie. » (PN 26, 1)
« Et mon Amour suprême, c’est toi Jésus. » (PN 31, 1)
« Jésus mon unique Amour » (PN 45, 3), etc.
 

On a pu donc écrire que soeur Thérèse de l’Enfant-Jésus de la Sainte Face (son nom de religion résume l’Incarnation rédemptrice) était une grande amoureuse de Jésus².

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1. Ms B, 3 v° (voir à la fin de l’article la liste des sigles renvoyant aux manuscrits de Thérèse).

2. Par exemple, J. Daujat, Thérèse de Lisieux, la grande amoureuse, Téqui, 1986.