"Le combat pour l'Eucharistie"- Le journal d'Alexandre Schmemann - Impulsion pour un renouveau eschatologique.

Lisant le Journal du théologien orthodoxe Alexandre Schmemann, l’auteur y voit un diagnostic de tous les phénomènes qui affaiblissent l’Église et l’éloignent de sa véritable nature qui se doit d’être une réalité sacramentelle, c’est-à-dire la présence du Royaume dans ce monde.

« Le combat pour l’Eucharistie » :Le Journal d’Alexandre Schmemann Impulsion pour un renouveau eschatologique de l’Église

1. Un Journal de joie
Peu de théologiens orthodoxes du XXe siècle ont été connus ou reçus dans un horizon professionnel, culturel et confessionnel aussi large qu’Alexandre Schmemann (1921-1983). Qu’il s’agisse de théologiens spécialistes de la liturgie,de la dogmatique, d’éthique sociale, de pastorale, de psychologie pastorale, de la mission, de l’oecuménisme, de la spiritualité (pour ne parler que des disciplines théologiques), nombreux sont ceux qui continuent à trouver en lui une source d’inspiration, indépendamment de leur origine confessionnelle et de leur orientation théologique ¹. Une littérature « secondaire » est par conséquent de plus en plus abondante car Schmemann est également présent de manière sous-jacente dans de nombreux travaux (par exemple comme interlocuteur silencieux ou comme point de référence important), au-delà de la recherche spécifique sur sa personne. De son vivant déjà, c’était quelqu’un qui travaillait et agissait bien au-delà des cercles orthodoxes (théologiques et ecclésiastiques) : ainsi, en tant qu’« intellectuel actif en dehors de l’orthodoxie » (selon Michael Plekon ²), il pouvait devenir pour beaucoup une « figure culte », par exemple « dans le protestantisme évangélique »,voire un « mentor » spirituel (selon Porter C. Taylor ³). Par ailleurs, un nombre non négligeable de personnes − surtout des orthodoxes − évaluent son oeuvre et son impact de manière très critique (dans l’espace orthodoxe américain, on pourrait parler, de manière un peu exagérée, de « pro- et anti-Schmemann ») ou continuent à l’ignorer délibérément (surtout dans les écoles de théologie de la liturgie orthodoxe d’Europe de l’Est). L’objectif de cet article n’est pas d’illustrer ces processus de réception passionnants, ni de proposer une introduction générale à l’univers théologique de Schmemann, mais plutôt d’attirer l’attention sur ce qui me semble être une sorte de « devoir à la maison » que Schmemann a laissé à la postérité théologique et ecclésiastique. Ce devoir posthume se trouve dans son Journal...

 1 Le meilleur exemple récent de la complexité de cette réception est le recueil d’essais :Porter C. Taylor (éd.), We give our thanks unto thee : essays in memory of Fr. Alexander Schmemann, Eugene, Oregon 2019.

 2 Michael PLEKON, The Liturgy of Life : Alexander Schmemann, in : Religions 9 (2/2018) 202 ; doi : 10.3390/rel7110127.

 3 Porter C. TAYLOR, Introduction, in : Porter C. Taylor (éd.), We give our thanks unto thee, 13

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