n°203 L'Action sociale de l'Eglise Mai - Aout 2009*


Quand elle invite les chrétiens comme tous les hommes à œuvrer en vue du bien commun, l’Église exerce de fait une action sociale et donne au Christ le visage de la charité. Un est le principe, multiples sont les figures qui en découlent. Ce que l’Église dit aux sociétés est au service de tous. Spécialement en matière de bioéthique : ce qu’elle dit vaut pour tout être qui est essentiellement l’un d’entre nous. Le Bon Samaritain en couverture, est l’emblème de cette action.

Page Titre Auteur(s)
15 Paul et l’esclavage Marie-Françoise BASLEZ
22 Le diacre « évangéliste » : un diptyque sur le diaconat Bart J. KOET
35 De l’aumône à l’assistance Jean-Robert ARMOGATHE
41 Une doctrine sociale régulièrement mise à jour Yves-Marie HILAIRE
50 La Diaconie de l’Église face à l’État-providence Frédéric LOUZEAU
63 La charité à l’épreuve des faits XIXe-XXe siècles Yves-Marie HILAIRE
68 Les associations catholiques dans les prisons françaises au XXe siècle Olivier LANDRON
81 Aux captifs la libération » Jean-guilhem XERRI
88 Habitat et Humanisme Bernard DEVERT
95 Secours catholique et Action sociale François SOULAGE
101 La doctrine sociale de l’Église : un secret bien gardé Marie LAFOURCADE
107 Le virus brownien. La réduction brownienne de l’incertitude et la crise financière de 2007-2008 Christian WALTER
123 L’embryon doit-il avoir un statut ? Aude MIRKOVIC
137 L’embryon face au réalisme continu de la raison Nicolas AUMONIER
157 Un bénédictin à la rencontre des moines bouddhistes Michel-Marie DU MERLE
168 Nos frères et sœurs aînés dans la foi » La théologie du judaïsme chez Joseph Ratzinger Karl-Heinz MENKE
184 L’Église, miroir des crises Jean-Robert ARMOGATHE

Éditorial : Au service des hommes

Problématique

Marie-Françoise Baslez : Paul et l’esclavage

L’esclavage n’est pas pour Paul un problème de droit, mais relève d’une nouvelle perception du genre humain dans le Christ, qui introduit pour la première fois le principe de réciprocité dans toutes les relations humaines. Le monde a donc bien vocation à changer. Mais ce changement, Paul ne le demande pas à l’autorité politique mais à chaque foyer chrétien en particulier.

Bart J. Koet : Le diacre « évangéliste » : un diptyque sur le diaconat 

Le diaconat ne se réduit pas à un service d’assistance. Une étude des différents emplois de la racine grecque diakon- chez Platon et dans le N.T. dégage l’idée de médiation et prise en charge d’une mission au nom d’un donneur d’ordre. Le N.T. parle de messager qui annonce la Parole de Dieu. Les primitifs flamands représentent les anges – ces messagers par excellence – portant l’étole des diacres et participant au service liturgique.

Jean-Robert Armogathe : De l’aumône à l’assistance

D’un monde féodal et rural où le pauvre était toléré et entretenu, on est passé à partir du XVe siècle à un monde urbain où la figure du pauvre se dégrade dans l’émergence d’une société de profit. Le pauvre devient un rôdeur dangereux qu’il faut absolument intégrer. On passe de l’aumône à l’assistance, les institutions sociales deviennent contraignantes, assistance et police confondant leurs fonctions.

Yves-Marie Hilaire : Une doctrine sociale régulièrement mise à jour

Depuis plus d’un siècle, l’Église catholique s’efforce de diffuser une réflexion sociale élaborée avec la participation d’experts, de penseurs, de praticiens et de militants. De Léon XIII à Benoît XVI, la papauté n’a cessé de poursuivre une réflexion exigeante sur la base d’un « ordre social » fondé sur le respect et le développement de la personne humaine, en rappelant que les biens créés par Dieu sont à la disposition de tous les hommes.

Frédéric Louzeau : La Diaconie de l’Église face à l’État-providence

Le développement de l’État-providence, qui marque un degré supplémentaire dans l’interaction entre la personne et la société, est loin de remettre en cause la « diaconie » de l’Église. Il rend au contraire ce service de la charité plus urgent et plus décisif. L’auteur le montre en progressant selon quatre étapes : limites internes de l’État-providence ; nécessité d’humaniser les relations sociales ; dialogue avec la société ; témoignage rendu à la Parousie du Christ, Fin transcendante de l’histoire humaine.

Intégration

Yves-Marie Hilaire : La charité à l’épreuve des faits XIXe-XXe siècles

Dans la deuxième moitié du XXe siècle, au lendemain de la guerre et de sa cohorte de drames humains, l’organisation de la charité a mobilisé les chrétiens qui se sont engagés dans des associations confessionnelles ou non, pour répondre à l’urgence, telle « Amnesty international» ou le « Secours catholique », ou encore dans des associations spécialisées, pour venir en aide aux plus déshérités, voire les exclus du quart monde, «Aide à toute détresse », ou «Aux captifs la libération». 

Olivier Landron : Les associations catholiques dans les prisons françaises au XXe siècle

Au cours du XXe siècle, plusieurs associations issues du catholicisme ont joué un rôle essentiel dans le fonctionnement des prisons, par leur volonté de les humaniser, en proposant aux détenus un soutien psychologique et moral par l’enseignement et la correspondance avec des volontaires, et surtout en favorisant leur réinsertion dans la société.

Jean-Guilhem Xerri : « Aux captifs la libération »

«Aux captifs la libération », est une association fondée en 1981 par le Père Patrick Giros, pour aller à la rencontre des « gens de la rue » : travail social authentiquement humain, dans la dynamique des « tournées-rue » où, sur le territoire de vie des exclus, l’Église est présente, porteuse de sacrement et signe de miséricorde.

Bernard Devert: Habitat et Humanisme 

La ville doit savoir retisser des liens entre des personnes. Le modèle de ce partage et de cette mixité sociale véritable est l’Eucharistie elle-même. 

François Soulage: Secours catholique et Action sociale

Pour continuer d’aider les plus défavorisés et leur permettre de subvenir eux-mêmes à leurs besoins, le Secours catholique se doit d’orienter sa réflexion sur les causes de la pauvreté et de réviser son action pour agir sur celles-ci. À côté de l’action sociale, s’impose une action institutionnelle pour montrer que les exigences de la justice sont politiquement réalisables : il faut que chacun trouve sa place dans la cité.

Église et mondialisation

Marie Lafourcade: La doctrine sociale de l’Église : un secret bien gardé

Dans un échange constant avec la société civile, et en partant de la réalité, l’Église a élaboré, avec le Compendium de la doctrine sociale, paru en 2004, un véritable outil de transformation du monde, sans cesse affiné et ajusté. Si les effets n’en sont pas spectaculaires, son influence est pourtant bien réelle. 

Christian Walter Le virus brownien. La réduction brownienne de l’incertitude et la crise financière de 2007-2008

Une disposition mentale à prendre des risques inconsidérés a été introduite dans la finance professionnelle par une erreur fondamentale de modélisation dans tous les systèmes financiers. Cette erreur est la réduction de l’incertitude par une représentation brownienne du hasard, qui laisse croire que le risque peut être totalement maîtrisé ou annulé. On désigne du terme de « virus brownien » cette erreur car elle a rendu la finance professionnelle immuno-déficiente face au risque réel. Cela introduit un élément nouveau dans les causes de la crise financière, la notion de risque de modèle, et montre que du point de vue de l’éthique financière, le choix d’un modèle mathématique n’est pas éthiquement neutre.

Bioéthique

Aude Mirkovic: L’embryon doit-il avoir un statut ?

La question du statut de l’embryon est celle de sa nature : qu’est-ce qu’un embryon ? Cette question, qui semble s’imposer comme un préalable à toute intervention législative concernant l’embryon, est pourtant systématiquement mise de côté. Tant le législateur que les juges refusent de l’aborder. Il en résulte pour l’embryon une absence de statut, caractérisée par la contradiction et l’incohérence. Le seul moyen de sortir de l’impasse et de rétablir le débat bioéthique sur des bases saines est de renoncer à l’idée d’un consensus sur la nature de l’embryon et d’accepter de fonder son statut sur ce qu’il est : une personne, ou non.

Nicolas Aumonier : L’embryon face au réalisme continu de la raison 

La raison est ce qui nous permet de saisir la continuité du réel. Dans le cas de l’embryon, l’analyse de plusieurs textes législatifs ou de bioéthique montre que des pans entiers d’argumentation sont systématiquement laissés de côté pour construire la fiction d’un embryon-matériau compatible avec tout type d’expérimentation. Penser l’embryon comme l’un d’entre nous rétablit la continuité du lien réel qui nous unit à lui, et restaure la liberté de pensée de notre raison commune.

Signets

Michel-Marie du Merle : Un bénédictin à la rencontre des moines bouddhistes

Dans le dialogue avec les bouddhistes, l’archétype du monachisme ouvre des possibilités d’apport mutuel et même d’émulation spirituelle. La lente émergence d’un bouddhisme européen génère des questions inédites. Ce dialogue est, aussi, un lieu d’évangélisation: dans la liturgie, l’Esprit parle au coeur. Souvenirsflash de quelques rencontres.

Karl-Heinz Menke : Nos « frères et soeurs aînés dans la foi » : théologie du judaïsme chez Joseph Ratzinger

L’auteur tente de faire une synthèse de la pensée de Benoît XVI au sujet des relations entre judaïsme et christianisme : la Nouvelle Alliance, loin d’abroger l’Ancienne ou de s’y opposer, en est issue et la complète, car elles entrent toutes les deux dans une dynamique d’approfondissement qui trouve sa source dans l’Alliance avec Abraham et a pour but l’alliance de Dieu avec tout le genre humain.

Jean-Robert Armogathe: L’Église, miroir des crises

L’Église renvoie au monde son image, et le monde y découvre ses fractures ; en les voyant dans l’Église, il peut les haïr, à défaut de les exorciser. Par un mécanisme qui a été longuement analysé par René Girard, le monde rend alors le révélateur – l’Église – responsable de ces cassures. Dans la fonction mimétique qui est la sienne, l’Église tient alors le rôle du bouc émissaire.

Au service des hommes

« Un réseau vivant, c’est autre chose qu’une structure» Jean Rodhain, Derniers messages, Paris, Éditions SOS, p. 9.

 

Pendant longtemps, le rôle social de l’Église était indiscuté, à défaut d’autre instance pour prendre en charge ceux qui en avaient besoin, désignés du terme terrible et descriptif de « nécessiteux ». Cette nécessité sociale que remplissait l’Église a même, dans le flux de la sécularisation, paru constituer l’essentiel de ce que les sociétés acceptaient (et même attendaient) de l’Église : une assistance sociale. Sur une génération, la tendance s’est inversée : l’action sociale de l’Église se trouve désormais perçue comme une ingérence dans des sociétés dont les besoins sont assurés par des États-Providence. L’Église peut encore s’occuper de marginaux (parmi les immigrés ou les handicapés)1, souvent de manière subordonnée ou de substitution, mais le terrain de son action sociale s’est considérablement amenuisé : les jeunes, les anciens, les chômeurs, les malades, les handicapés... ont successivement été pris en charge, plus ou moins efficacement, par l’État. Renvoyée à la sphère du privé, la religion se voit fermer l’accès au public que les tâches d’assistance lui donnaient. Dès qu’elle prétend sortir d’une subsidiarité qui en fait la main charitable de l’État, elle est accusée d’ingérence, de prosélytisme, de manquement à la laïcité...[...]


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1. Il a paru utile de le rappeler par les contributions d’Olivier Landron (Les associations catholiques dans les prisons françaises au XXe siècle, p. 66), François Soulage (Secours catholique, p. 95) Jean-Guilhem Xerri («Aux captifs, la libération », p. 81) et Bernard Devert (Habitat et Humanisme, p. 88).

Michel-Marie du Merle : Un bénédictin à la rencontre des moines bouddhistes

Dans le dialogue avec les bouddhistes, l’archétype du monachisme ouvre des possibilités d’apport mutuel et même d’émulation spirituelle. La lente émergence d’un bouddhisme européen génère des questions inédites. Ce dialogue est, aussi, un lieu d’évangélisation: dans la liturgie, l’Esprit parle au coeur. Souvenirsflash de quelques rencontres.

Karl-Heinz Menke : Nos « frères et soeurs aînés dans la foi » : théologie du judaïsme chez Joseph Ratzinger

L’auteur tente de faire une synthèse de la pensée de Benoît XVI au sujet des relations entre judaïsme et christianisme : la Nouvelle Alliance, loin d’abroger l’Ancienne ou de s’y opposer, en est issue et la complète, car elles entrent toutes les deux dans une dynamique d’approfondissement qui trouve sa source dans l’Alliance avec Abraham et a pour but l’alliance de Dieu avec tout le genre humain.

Jean-Robert Armogathe: L’Église, miroir des crises

L’Église renvoie au monde son image, et le monde y découvre ses fractures ; en les voyant dans l’Église, il peut les haïr, à défaut de les exorciser. Par un mécanisme qui a été longuement analysé par René Girard, le monde rend alors le révélateur – l’Église – responsable de ces cassures. Dans la fonction mimétique qui est la sienne, l’Église tient alors le rôle du bouc émissaire.


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