Un Père souffrant ?

Mgr Jean-Pierre BATUT
Un Dieu souffrant? - n°169 Septembre - Décembre 2003 - Page n° 57

Une réflexion sur la différence intratrinitaire peut permettre de comprendre l'origine de la séparation entre Dieu et le monde, elle-même source de la souffrance de Dieu et du pécheur. Il s'agit d'échapper aux dangers de la « théologie de la souffrance divine » développée sous l'influence de Hegel, et de maintenir les deux affirmations de la Tradition : celle de l'apathie, et d'une « passio caritatis ».

Tous les « abaissements » contingents de Dieu dans l’économie du salut sont depuis toujours inclus et dépassés dans l’événement éternel de l’Amour. (H.-U. von BALTHASAR, Pâques le Mystère, Paris 19812, préface à la seconde édition)

Nul ne devrait aborder sans trembler le thème de la souffrance de Dieu. En effet, pour reprendre le mot de Voltaire, il y a quelque chose de pire pour l’homme que de déformer en lui l’image de Dieu : c’est de se faire un Dieu à son image. En pareil domaine, les projections peuvent être tout autant positives que négatives, comme l’a fort justement relevé Nietzsche. Mais puisque, malgré cela, il faut risquer une parole, commençons par écouter une voix patristique qui atteste l’ancienneté de la réflexion chrétienne sur le sujet.

Ce texte nous fait remonter à Origène, et donc au IIIe siècle. Il s’agit d’un extrait du Commentaire d’Ézéchiel :

Le Sauveur est descendu sur terre par pitié pour le genre humain. Il a subi nos passions avant de souffrir sur la croix, avant même qu’il eût daigné prendre notre chair : car s’il ne les avait d’abord subies, il  ne serait pas venu participer à notre vie humaine.
Quelle est cette passion, qu’il a d’abord subie pour nous ? – C’est la passion de l’amour (passio caritatis).

Mais le Père lui-même, Dieu de l’univers, lui qui est plein de longanimité, de miséricorde et de pitié, est-ce qu’il ne souffre pas en quelque sorte ? Ou bien ignores-tu que, lorsqu’il s’occupe des choses humaines, il souffre une passion humaine ? « Car le Seigneur ton Dieu a pris sur lui tes moeurs, comme celui qui prend sur lui son enfant. » Dieu prend donc sur lui nos moeurs, comme le Fils de Dieu prend nos passions. Le Père lui-même n’est pas impassible ! Si on le prie, il a pitié et compassion. Il souffre une passion d’amour (passio caritatis)... [...]

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