n°145 Croire en la Trinité Septembre - Décembre 1999*


Comment comprendre le mystère de l’unité d’un Dieu invisible et créateur (le Père), d’un Dieu fait homme (le Fils), d’un amour présent au monde et insaisissable (l’Esprit) ? Comment ces trois sont-ils un ? L’affirmation de la Trinité des Personnes divines n’est pas une création intellectuelle abstraite, elle est, au centre de la foi chrétienne, l’affirmation nécessaire pour comprendre dans toute sa plénitude non seulement le fait qu’il n’y a qu’un seul Dieu, mais aussi qui Il est.

Page Titre Auteur(s)
11 "Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit" Pierre d' ORNELLAS
17 Monarchie du Père, ordre des processions, périchorèse : trois clefs théologiques pour une droite confession trinitaire Jean-Pierre BATUT
31 Prier dans la Trinité sainte Jean CORBON
51 L’Eucharistie, expérience trinitaire chez Guillaume de Saint-Thierry Mathieu ROUGÉ
65 Église et Trinité Francis de CHAIGNON
79 La méditation trinitaire d’Augustin Goulven MADEC
103 Du Père par le Fils dans l’Esprit Marie-Odile BOULNOIS
119 La personne humaine, vestige, image et ressemblance du Dieu trine Bertrand de MARGERIE
127 Le Mystère Pascal Antoine BIROT
139 Question de Personne Philippe CORMIER
151 Filioque et théologie trinitaire Michel STAVROU
173 Mysterium Trinitatis et Unitatis : Communauté et société à la lumière de la foi trinitaire et des hérésies antitrinitaires Barbara NICHTWEISS
197 Du Dieu théiste à la Trinité spéculative Xavier TILLIETTE
211 L’héritage spirituel de Joachim de Flore dans l’interprétation de Henri de Lubac Michaël FIGURA
231 La virginité consacrée et la venue du règne Jacques SERVAIS

Présentation : Pierre d’Ornellas : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »

La foi dans la Trinité demeure le sceau du christianisme et inspire les gestes les plus ordinaires des fidèles.

Éditorial : Jean-Pierre Batut : Monarchie du Père, ordre des processions, périchorèse : trois clefs théologiques pour une droite confession trinitaire

Expliciter la révélation biblique par un recours aux concepts : une telle élaboration n’est pas un défi de la sagesse humaine, mais le passage obligé à une formulation dogmatique de ce que représente le monothéisme trinitaire pour la pensée de l’Église catholique. Ses trois composantes, ici présentées dans un ordre qui n’est pas indifférent, constituent les clefs de la confession trinitaire.

La Trinité dans la vie chrétienne

Jean Corbon : Prier dans la Trinité sainte

La nouveauté de la prière chrétienne consiste à célébrer la Trinité sainte dans la communion avec le Père et avec son Fils, dans la communion avec l’Esprit. Marqués du signe de la Croix, par notre baptême et par l’onction de l’Esprit,  par la liturgie eucharistique, nous sommes introduits dans la communion trinitaire : Prier dans la Trinité actualise, dans l’intimité de notre coeur et dans les service des autres, le mystère de l’Amour divin.

Matthieu Rougé : L’Eucharistie, expérience trinitaire chez Guillaume de Saint-Thierry

À travers la fragilité des signes que sont le pain et le vin, l’Eucharistie est la révélation active et vivante de l’Amour trinitaire. Avec Guillaume de Saint- Thierry, il faut retrouver le sens plénier d’un sacrement qui nous introduit au mystère de la Trinité.

Francis de Chaignon : Église et Trinité

L’Église fait connaître Dieu comme Trinité parce qu’elle est son oeuvre : fondée par Jésus pour réaliser le dessein universel du Père et guidée par l’Esprit, elle tire de cette source et de ce modèle trinitaire ses propriétés essentielles : unité, sainteté, catholicité, apostolicité.

Théologies du mystère

Goulven Madec: La méditation trinitaire d’Augustin

On sait que saint Augustin était un bon chrétien, mais certains théologiens ont douté qu’il fût un bon théologien de la sainte Trinité. Or, si la vie et l’oeuvre d’Augustin ne sauraient être séparées, on ne saurait davantage dissocier sa doctrine trinitaire en tentant d’y repérer des schèmes philosophiques non convertis par la foi. Quoique composé sur une très longue période et publié très tard, le De Trinitate est un livre d’une profonde unité. Cette unité est celle d’une recherche dans la foi, d’un progrès de livre en livre. L’analyse de sa structure en fait apparaître la méthode originale, sans prétention dogmaticienne, mais où l’on peut voir un exemple achevé d’exercitatio animi.

Marie-Odile Boulnois : Du Père par le Fils dans l’Esprit

Cyrille d’Alexandrie préfère aux constructions systématiques la multiplication d’approches partielles, et le langage imagé de la Bible. Si, dans le christianisme, l’unicité de Dieu est paradoxale (car il est en trois personnes), ce paradoxe se réfracte sur tous les concepts théologiques : un et multiple, même et autre, identité et relation. Puisque la théologie doit refléter l’économie (le plan du salut), un même mouvement de donation va du Père par le Fils jusque dans l’Esprit, qui est transmis aux hommes, pour qu’ils puissent à leur tour s’unir à la nature divine.

Bertrand de Margerie : La personne humaine, vestige, image et ressemblance du Dieu trine

Si même le corps est, selon Bonaventure, une « ombre » et un « vestige » des trois personnes divines, celles-ci sont surtout présentes dans l’âme humaine, qui est leur « image » par ses puissances, et leur « ressemblance », grâce aux vertus théologales. Ainsi, par une « contuition », regard de sagesse associant foi et raison, l’homme contemple le monde entier et sa propre personne dans la lumière du Dieu un et trine.

Antoine Birot : Le Mystère Pascal

L’envoi du Fils, qui a tout remis au Père, est couronné par le Mystère Pascal. Comment penser les relations intratrinitaires au plus fort de la déreliction du Fils et y reconnaître la dynamique de l’Amour ? C’est à la lumière des oeuvres d’Adrienne von Speyr et de Hans Urs von Balthasar que le mystère de la Croix est ici interrogé.

Débats

Philippe Cormier : Question de Personne

Le concept de personne, indispensable pour penser la dignité de l’homme, a été élaboré en théologie, au croisement de la Trinité et de la foi dans le Christ. Car c’est d’abord Dieu, « Celui qui est », révélé dans le Christ, qui est une personne. Si nous confessons que le Christ est une personne de la Trinité, mais en deux natures, divine et humaine, il faut pousser jusqu’au bout les conséquences de notre foi, et dire qu’il y a une personne divine et humaine du Christ. Pour que l’homme puisse être une personne, il faut que le Christ, le premier, soit une personne humaine – dans toute l’humilité de son incarnation.

Michel Stavrou : Filioque et théologie trinitaire

Les Églises d’Orient et d’Occident étant en désaccord sur l’origine de la procession de l’Esprit, il importe de retracer la genèse et le développement de la doctrine latine du Filioque, de montrer en vertu de quels principes elle fut rejetée par l’Église d’Orient. Ce problème cristallise la différence entre deux approches du mystère trinitaire. L’étude de la théologie grecque et byzantine témoigne d’un accord sur l’intuition première du Filioque : l’existence d’un rapport éternel spécifique entre l’Esprit et le Fils, l’Esprit procédant « du Père par le Fils » selon la formule des Pères. Néanmoins, pour l’Orient, la procession de l’Esprit per filium n’est pas causale mais manifestatrice : l’Esprit étant le vecteur ultime des énergies divines qui rayonnent éternellement du Père par le Fils dans l’Esprit.

Dérives

Barbara Nichtweiss : Mysterium Trinitatis et Unitatis : Communauté et société à la lumière de la foi trinitaire et des hérésies antitrinitaires

L’intérêt théologique actuel pour le dogme de la Trinité va de pair avec la redécouverte de l’Église comme « mystère » et comme « image » de l’unité des Personnes divines. Il n’en est que plus nécessaire de faire mémoire des hérésies trinitaires qui ont jalonné l’histoire chrétienne, et de se demander si elles ne confirment pas la thèse d’Erik Peterson (tirée de Grégoire de Nazianze) selon laquelle le modèle trinitaire de l’unité n’est pas transposable dans notre expérience terrestre.

Xavier Tilliette : Du Dieu théiste à la Trinité spéculative

Un préjugé « philosophique » anti-chrétien particulièrement répandu depuis Voltaire est que la Trinité est évidemment absurde, qu’une raison éclairée rejette ce trois qui fait un... Or ce n’est qu’une certaine figure de la rationalité philosophique, fort récente et circonscrite, qui a pu ainsi refuser la Trinité. Aussi n’y a-t-il pas lieu de s’étonner que cette pensée superficielle des Lumières ait cédé la place aux synthèses spéculatives hardies de l’idéalisme allemand.

Dossier : Découvrir la Trinité

Communio : Questions pour des groupes de réflexion

Signets : Foi trinitaire et attente eschatologique

Michaël Figura : L’héritage spirituel de Joachim de Flore dans l’interprétation de Henri de Lubac

La très grande oeuvre du père de Lubac mérite d’être relue. Face aux tentations millénaristes qui renaissent aujourd’hui, il s’agit de prendre le recul de l’histoire et de comprendre les origines de certaines hérésies séculières qui ont marqué notre modernité. Sous l’éclairage d’un théologien, l’histoire d’une hérésie trinitaire et de ses plus lointaines ramifications conduit jusqu’à notre présent et en construit une interprétation spirituelle.

Jacques Servais : La virginité consacrée et la venue du règne

La virginité à cause du règne des cieux est un signe de la nature eschatologique de l’Église ; et la venue de ce règne qu’attend et promeut la vie consacrée ne peut être vue dans sa vraie lumière que si on reconnaît l’unité et la complémentarité fondamentales des deux états de vie qui constituent le cadre ecclésial de l’existence chrétienne.

« Au nom du Père,
du Fils et du Saint-Esprit »

Mgr. d'Ornellas

«Certes, selon sa grandeur et son inexprimable gloire, « nul ne verra Dieu et vivra” (Exode 33,20) car le Père est insaisissable ; mais selon son amour, sa bonté envers les hommes et sa toute-puissance, il va jusqu’à accorder à ceux qui l’aiment le privilège de voir Dieu – ce que précisément prophétisaient les prophètes – car “ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu” (Luc 18,27). Par lui-même, en effet, l’homme ne pourra jamais voir Dieu ; mais Dieu, s’il le veut, sera vu des hommes, de ceux qu’il veut, quand il veut et comme il veut. Car Dieu peut tout :  vu autrefois par l’entremise de l’Esprit selon le mode prophétique puis vu par l’entremise du Fils selon l’adoption, il sera vu encore dans le Royaume des cieux selon la paternité l’Esprit préparant d’avance l’homme pour le Fils de Dieu, le Fils le conduisant au Père, et le Père lui donnant l’incorruptibilité et la vie éternelle, qui résultent de la vue de Dieu pour ceux qui le voient [...] Car, si sa grandeur est inscrutable, sa bonté aussi est inexprimable, et c’est grâce à elle qu’il se fait voir et donne la vie à ceux qui le voient. Il est impossible de vivre sans la vie, et il n’y a de vie que par la participation à Dieu, laquelle consiste à voir Dieu et à jouir de sa bonté. » Saint Irénée de Lyon, Adversus Haereses, IV, 20,5.

À lire les revues spécialisées, la réflexion sur la Trinité va bon train. Nous ne voulons pas ajouter la nôtre. Les études sont menées par des théologiens avertis, versés dans les écrits trinitaires passés et contemporains. La clarification romaine sur « les traditions grecque et latine concernant la procession de l’Esprit Saint » publiée le 8 septembre 1995, suscite des commentaires qui n’épuisent pas la question dite du Filioque. L’inversion trinitaire du théologien Hans Urs von Balthasar appelle bien des remarques. L’approche « sociale » de la Trinité contredit la conception jugée trop essentialiste d’un saint Thomas. Ou encore, l’opposition entre la théologie scolastique et la pensée patristique est parfois posée de façon tranchante, séparant l’ivraie du bon grain. L’articulation entre création et Trinité des personnes est formulée à nouveau frais. Qui n’a pas le savoir pour entrer dans le maquis de ces discussions ne saurait s’y frayer un chemin. Celles-ci attestent pourtant que la foi dans la Trinité demeure le sceau du christianisme et inspire les gestes les plus ordinaires des fidèles.

Sans doute, peu de chrétiens y songent. Cependant, la liturgie à laquelle ils participent les place constamment au coeur de ce mystère. Lorsqu’ils se signent pour une prière communautaire, familiale ou solitaire, ils se savent bénis au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Chaque matin que Dieu fait, le croyant qui prie en signant son corps, offre son être à la Trinité des Personnes. Telle est sa destinée pour ce temps qu’il lui est donné de vivre. Il l’accomplit en ce [...]

 

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Michaël Figura : L’héritage spirituel de Joachim de Flore dans l’interprétation de Henri de Lubac

La très grande oeuvre du père de Lubac mérite d’être relue. Face aux tentations millénaristes qui renaissent aujourd’hui, il s’agit de prendre le recul de l’histoire et de comprendre les origines de certaines hérésies séculières qui ont marqué notre modernité. Sous l’éclairage d’un théologien, l’histoire d’une hérésie trinitaire et de ses plus lointaines ramifications conduit jusqu’à notre présent et en construit une interprétation spirituelle.

Jacques Servais : La virginité consacrée et la venue du règne

La virginité à cause du règne des cieux est un signe de la nature eschatologique de l’Église ; et la venue de ce règne qu’attend et promeut la vie consacrée ne peut être vue dans sa vraie lumière que si on reconnaît l’unité et la complémentarité fondamentales des deux états de vie qui constituent le cadre ecclésial de l’existence chrétienne.


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