L'anthropologie christologique de Redemptor Hominis
A l’aube du troisième millénaire, Jean-Paul II tente de reprendre radicalement la question de l’homme à partir de la figure du Christ, et de fonder les droits de l’homme sur le droit de Dieu.
La première page, 79, est jointe.
« Le Christ, depuis qu’il est apparu,
n’a jamais cessé, après chaque crise de l’histoire,
de ré-émerger,
plus présent, plus urgent, plus envahissant que jamais ».
LA première encyclique d'un Pape est, en quelque sorte, le programme de son pontificat. « Redemptor hominis » de Jean-Paul II se présente bien ainsi. C'est pourquoi ce document sera d'une importance exceptionnelle pour la vie de l'Église catholique dans ce dernier quart du XXe siècle. Il s'agit d'un texte dense, complexe, nuancé, dont toute la richesse ne se livre pas au premier abord (1). On peut néanmoins en dégager dès maintenant les thèmes majeurs en suivant l'ordre de ses quatre grandes parties.
(1) L’encyclique est datée du 4 mars 1979, premier dimanche de Carême. Nous nous reportons au texte français de l’édition de la Typographie polyglotte vaticane (sigle R.H.). Le document, qui comporte un peu plus d’une centaine de pages, est divisé en quatre parties et vingt-deux paragraphes numérotés de manière continue. Sauf trois mentions de Pères de l’Eglise (R.H., notes 67, 127 et 150), toutes les autres références du document renvoient soit à l’Ecriture Sainte, soit aux conciles (Vatican I et Vatican II) ou au synode des évêques, soit enfin aux textes des derniers souverains pontifes. Aucun théologien contemporain n’est cité, sans doute à dessein, le Pape tenant à se situer au-dessus des conceptions particulières. Quant au seul « philosophe contemporain » (mentionné au § 16), il est difficile à identifier avec certitude. La note 102 renvoie en effet à un passage de Gaudium et Spes, n° 35, et surtout à un discours de Paul VI au corps diplomatique (7 janvier 1965) pour le moins difficile a interpréter. En effet, après avoir évoqué une conversation avec le Président de l’Inde, lors de son court voyage à Bombay, Paul VI note, sans attribuer la phrase à celui-ci : « Il ne suffit pas que l’homme grandisse dans ce qu’il a, il faut qu’il grandisse dans ce qu’il est» ; puis, il poursuit aussitôt : « Et pour reprendre l’expression bien connue d’un philosophe contemporain : c’est d’un " supplément d’âme " que le grand corps de l’humanité a présentement le plus grand besoin ». Or, l’expression « supplément d’âme» se trouve, comme on le sait, dans le ch. IV de Les deux sources de la morale et de la religion du philosophe juif Henri Bergson (1932).
79
..........