n°79 Bienheureux les coeurs purs Septembre - Octobre 1988*


Cardinal Hans-Urs von Balthasar (+) : Prière pour obtenir l'Esprit Saint

Texte inédit en français du grand théologien suisse (1905-1988) récemment disparu, juste avant d'être élevé au cardinalat.

Problématique

Joachim Gnilka : « Heureux les coeurs purs»

La sixième béatitude se comprend mieux à partir de son enracinement dans l'Ancien Testament : il faut un coeur pur, libre d'idolâtrie et de mensonge, pour avoir accès au temple, et de son contexte dans le Nouveau : la conscience nette, l'intention droite, dirigée vers Dieu et le prochain aimés pour eux-mêmes.

Ysabel de Andia : Dieu voit le coeur — le coeur volt Dieu

La pureté du coeur se définit par l'objet de son amour. Le coeur pur est  celui dont tout l'amour est Dieu. La pureté du coeur est donc théologale avant d'être morale, et l'impureté n'est autre que l'idolâtrie et l'amour du monde. Le désert, selon les Pères, est le lieu où le coeur, mis à nu, se purifie de l'idolâtrie, laissant la place à la charité. Mais l'ultime purification est celle que nous donne le Coeur du Christ. Car seul le Christ est notre vraie purification.

Jean-Louis Bruguès, o.p.: Pureté du coeur et pureté du corps

On ne parle plus guère de la pureté du coeur. Pourquoi l'expression nous gêne-t-elle? L'histoire et l'expérience chrétienne montrent que la pureté du coeur est indispensable. Elle donne de voir. Elle donnera de voir Dieu demain. Elle donne aujourd'hui de tout voir selon Dieu. Elle donne de « voir » le corps humain.

Xavier Tilliette, s.j.: La sixième béatitude et la conscience du Christ

La vision de Dieu promise aux coeurs purs est déjà pour Jésus une réalité de tous les instants. C'est pourquoi la pureté du coeur ne se comprend qu'à partir de la personnalité unique du Christ, qui vit son humanité d'une façon unique et inouïe, celle du Fils de Dieu fait homme.

Intégration

Chantal van der Plancke : « Dans un peuple aux lèvres Impures »

Le précepte de la pureté est définissable par les interdits des sixième et neuvième commandements. Mais leur respect exclusif, à la lettre, serait pharisaïque et comme faussé. Il y manquerait le renoncement de soi, le don de soi au prochain et à Dieu. Nul ne peut le découvrir sans une éducation à la vie intérieure, ni le pratiquer sans la prière et l'acceptation de la grâce de Dieu. C'est une des tâches décisives de la famille et des pasteurs.

Patrick Piguet : Cette trouble pureté qui sort des encriers

La littérature échoue à puiser en elle-même sa pureté ; davantage, elle échoue à se vouloir pure. Mais ne le devient-elle pas, tant soit peu, lorsqu'elle intègre à sa parole son propre dépassement vers ce qui la fonde — la Parole? — lorsque, reconnaissant son origine impure, elle consent au langage du silence qui la prépare aux « incessantes origines» de la conversion et de la rédemption ? C'est ce que montre l'étude de Bataille, Mallarmé, Mauriac, Rimbaud et Yves Bonnefoy.

Attestations

Jérôme de Gramont : Sur la naissance spirituelle

La béatitude des coeurs purs nous renvoie au mystère trinitaire de Dieu, et à celui de la personne humaine appelée à participer à la vie divine : la vision de Dieu exige l'incarnation du Fils, image du Père invisible ; le coeur pur est celui de l'humanité parfaite du Christ avant d'être celui du saint ; enfui la béatitude est l'effusion en l'homme de la vie divine.

Dom Robert Le Gall, o.s.b. : L'oeil et les larmes

L'amour de Dieu, seul capable de nous rendre aptes le contempler, purifie le coeur aussi bien par le feu que par l'eau ; la ferveur et les larmes sont deux manifestations complémentaires de l'amour de Dieu répandu en nos coeurs par son Esprit. La Règle de saint Benoît, fidèle en cela au patrimoine des premiers moines d'Egypte, montre avec une discrétion qui impose le respect que le regard du coeur, porté sur Dieu dans la prière, a constamment besoin d'être purifié par les larmes de la componction.

Guy Bedouelle, o.p. : L'oeil et le feu

La pureté du coeur, difficilement appréhendée en concepts, est décrite par les règles monastiques comme un idéal programmé, par les Pères du désert comme un idéal enseigné, et par les saints comme un idéal vécu. Tous la dépeignent comme un regard, un oeil largement ouvert sur la lumière divine, mais aussi comme un feu qui embrase. Sous ce langage imagé, on reconnaît une traduction joyeuse et intériorisée de la charité.

Signet

Cardinal Joseph Ratzinger : « Tu es pleine de grâce» (Eléments scripturaires de la dévotion à Marie)

«Toutes les générations me diront bienheureuse ». Luc a voulu transmettre avec soin dans son Evangile ce qu'avaient transmis les témoins oculaires et les serviteurs depuis le commencement. En rapportant cette prophétie de la Vierge, il annonce son rôle de médiatrice de toute grâce, et complète l'annonce de l'ange : « Le Seigneur est avec toi ». L'Église abandonnerait donc quelque chose qui lui est confié si elle ne louait pas Marie.

« Heureux les coeurs purs »

Joachim Gnilka

Dire de quelqu'un qu'il est bienheureux, c'est là chose répandue dans la langue et la littérature de l'Antiquité. Cela vaut aussi pour le Judaïsme, ainsi que pour le Christianisme. Cependant, il faut faire très attention aux différences. Chez Ménandre, nous lisons : « Heureux celui qui possède fortune et intelligence » (fragment 114). On est dans ce cas déclaré heureux, parce que l'on dispose d'avantages importants pour la vie. La béatitude ne renvoie à rien d'autre. La frontière de la vie terrestre n'est pas franchie non plus. Aucune promesse ne vient s'associer à la béatitude.

Nous lisons dans l'Ancien Testament des béatitudes analogues, et surtout dans la littérature de sagesse et les psaumes. Pour ne citer que quelques exemples : « Heureux l'homme auquel sa propre bouche ne fait pas de reproches » (Siracide 14, 1) ; « heureux l'homme qui réfléchit sur la sagesse, qui se donne de la peine pour l'intelligence » (ibid., 20) ; « heureux l'époux d'une femme sensée, celui qui n'a pas comme à labourer avec un boeuf et un âne » (ibid., 25, 8). Là aussi, le regard reste fixé sur la vie terrestre, bien que la pensée dépasse le calcul de l'utile, et que l'on puisse repérer, dans la sagesse, une composante théologique.

Le Psaume 41, 2 : « Heureux celui qui s'occupe du pauvre, le Seigneur le sauvera au temps du malheur », fait un pas de plus. Une promesse vient en effet s'ajouter à la béatitude. Ce qui veut dire que seul l'avenir montrera pourquoi un homme de cette sorte doit être appelé heureux. L'avenir reste d'ailleurs ici dans le cadre de la vie terrestre. Le temps du malheur est le temps de la détresse terrestre.

Ce n'est qu'avec l'apocalyptique, avec l'irruption d'une foi en  une vie de l'au-delà auprès de Dieu, avec l'espérance en la résurrection des morts, qui ne se répandront et ne s'imposeront en Israël qu'au cours des deux derniers siècles avant le Christ, [...]

 

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Cardinal Joseph Ratzinger : « Tu es pleine de grâce» (Eléments scripturaires de la dévotion à Marie)

«Toutes les générations me diront bienheureuse ». Luc a voulu transmettre avec soin dans son Evangile ce qu'avaient transmis les témoins oculaires et les serviteurs depuis le commencement. En rapportant cette prophétie de la Vierge, il annonce son rôle de médiatrice de toute grâce, et complète l'annonce de l'ange : « Le Seigneur est avec toi ». L'Église abandonnerait donc quelque chose qui lui est confié si elle ne louait pas Marie.


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