Sigrid Undset, ou l'écriture de la conversion

Père Jean-Robert ARMOGATHE
La paix - n°257 Mai - Aout 2018 - Page n° 125

Venue de l’indifférence religieuse, à partir d’un luthéranisme sécularisé, Sigrid Undset (1882-1949), prix Nobel de littérature en 1928, fut reçue dans l’Église catholique à la Toussaint 1924. Le travail de la grâce à l’œuvre dans l’écriture montre le cheminement de celle qui, après une vie tourmentée « au gré de ses caprices », adhéra à la demande du Pater : « que ta volonté soit faite ».

 

« Tout au long de ma vie, j’ai désiré à la fois suivre le droit chemin et aller au gré de mes caprices » 

Christine Lavransdatter : la Croix, Paris, 1941 (ch. 5, p. 328)


Une vie de roman

La biographie de Sigrid Undset est déjà un roman : fille d’un archéologue norvégien brillant, elle perdit son père adoré à l’âge de onze ans, dut interrompre ses études et prendre un emploi de bureau à 17 ans. À 23 ans, elle soumit son premier roman à un éditeur : c’est un roman historique sur l'époque médiévale danoise. Devant le refus, elle écrivit un autre roman, fort court (80 pages), Madame Marthe Oulie, journal désabusé d’un mariage. Le succès lui permit d’autres publications et surtout l’obtention d’une bourse de voyage qui la conduisit pendant neuf mois à Rome. Elle y rencontra le peintre Anders Castus Svarstad, de treize ans son aîné, marié et père de trois enfants. Les amants s’installèrent à Paris, où Sigrid dit avoir rencontré Jacques Maritain. En 1912, dès le divorce de Svarstad, ils se marièrent, et eurent un premier enfant. De 1907 à 1918, Sigrid Undset publia plusieurs romans sur les moeurs contemporaines (qu’elle appellera, après sa conversion, ses « romans licencieux ») ; Jenny, en 1911, proche de l’autobiographie, fait l’éloge de l’adultère. La naissance d’un deuxième enfant, une fille handicapée, Maren Charlotte (« Tulla »), vit l’éloignement de son mari : ils se séparèrent définitivement en juillet 1919, un mois avant la naissance de leur troisième enfant, Hans. Sigrid prit la charge des trois enfants du premier mariage (dont un enfant handicapé). Elle commença à rédiger en 1920 son premier grand roman historique, Kristin Lavransdatter (Christine, fille de Laurent), en trois parties : La Couronne, la Femme1, la Croix (plus de 1400 pages) : une femme vit dans la Norvège du XIVe siècle un amour passionné et déçu. 

La familiarité avec l’Église du Moyen-Âge, la certitude que l’Église catholique, héritière authentique de cette Église, avait la plénitude des sacrements, la conduisirent vers le catholicisme (1924). Son mariage avec un divorcé n’était pas reconnu comme valide par l’Église catholique, mais elle eut recours au divorce civil en 1927. Elle reçut à cette époque une pension d’écrivain de l’État norvégien. Elle écrivit un nouveau roman médiéval,[...]
 

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1 Le titre français est parfois La maîtresse d’Husaby.


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