Sauf contresens épistémologiques ou de méthode, la science, ou plutôt le «modèle standard» qu'aujourd'hui les sciences présentent de l'Univers, ne peut contredire la foi, puisque leurs domaines sont radicalement séparés. Leur rencontre, et leur éventuel accord, ne peut avoir lieu que par la médiation d'un troisième terme, la culture.
André Berthon : Entre sciences et foi, la culture
Problématique
Jean-Marie Moretti, s.j. Accord ou désaccord ?
Concordisme et scientisme ne sont que les faces opposées d'une même attitude, celle qui ne sait pas distinguer les ordres de réalité irréductiblement distincts que visent l'enquête scientifique et la révélation de la charité.
Hervé Barreau : La foi devant trois idées de la science : scientisme, positivisme, réalisme
La confrontation entre la science et la foi ne devient profitable que si l'on précise les interprétations successives qu'historiquement la science a données d'elle-même.
Michal Wojciechowski : Théologie et physique — Une comparaison de méthodes
Que science et foi appartiennent à des ordres absolument hétérogènes ne supprime pas un point commun : la pensée humaine qui s'y exerce. La théologie tient un discours dont la légitimité théorique ne s'affaiblit pas, mais au contraire se renforce si l'on compare sa méthode à celle d'autres sciences, par exemple la physique.
Intégration
Thierry Bert : De la technocratie
Le danger, réel, mais aussi mythique, de la technocratie, ne résulte pas de l'usage de la science économique comme telle, mais de l'incapacité où se trouve le pouvoir politique, et déjà la société civile, de l'intégrer dans une vision culturelle globale. Pour y parvenir, il faudrait que la culture redevienne intelligente et responsable. Ici, la foi peut tenir un rôle.
Jacques Arsac : À propos de l'informatique
Ce qui borne la portée de l'informatique, comme science, ce ne sont pas ses limites et ses échecs, mais les conditions même de son fonctionnement et de ses succès : l'abstraction du sens, le traitement formel de l'information. D'où l'ouverture d'autant plus grande que la question du sens.
Olivier Costa de Beauregard : Un nouveau « paradigme» en physique théorique
La « non-séparabilité » d'Einstein (1927) ou E. P. R. (1935) est une conséquence paradoxale de la mécanique ondulatoire, que vérifient pourtant de récentes et délicates expériences. Les physiciens pensent que l'importance du résultat expérimental et que la nouveauté de l'explication requise sont comparables à celles de l'expérience de Michelson (1887) et de la théorie de la relativité (1905). Nous sommes aujourd'hui en pleine « révolution scientifique », puisqu'aucune des explications proposées ne rallie un large consensus. On s'efforce ici de présenter clairement le problème et l'une des positions tenue dans le débat actuel.
Attestations
Jean Mesnard : La science et son ordre — Pascal
Au moment même où se constitue la figure moderne de la science (et aussi grâce à lui), Pascal lui fixe une règle absolue : la science et la foi ne diffèrent de méthode que parce qu'elles portent sur des domaines radicalement différents. L'ordre de l'esprit et l'ordre du coeur, la vérité scientifique et la charité ne se contredisent ni ne se confirment. Face à la charité, la science reste indépendante mais aussi en attente de sens et de finalité.
Georges Kalinowski : Science et culture au service de l'homme — Jean-Paul II
Selon la pensée constante de K. Wojtyla, la science (en fait les sciences) n'entre en rapport avec la foi (en fait la révélation chrétienne) que par l'intermédiaire du fait primordial de la culture (un fait de culture). Là se pose, en pleine lumière, la question de l'essence de l'homme ; là peut prendre la parole la Parole du Second Adam.
Signet
Georges Chantraine, s.j. Le cardinal de Lubac : une oeuvre ouverte
Entre sciences et foi, la culture
André Berthon
La science est-elle en passe d'anéantir la religion et de réduire la culture classique à un flatus vocis? Le recul de la foi, la crise des cultures, concomitants avec l'emprise croissante des sciences et des techniques sur le mouvement des sociétés, suggèrent un antagonisme. Est-il réel ?
Il entre une part de vérité dans l'image d'une science dévastatrice. Schématiquement, on la fonderait ainsi : de la science procède la technique, de celle-ci le progrès matériel qui permet à l'homme, en exploitant l'univers, d'augmenter la quantité de sa vie et sa qualité, et diminue par là son besoin de spiritualité, d'autant plus qu'on lui propose une explication du monde. La science ruine alors en même temps la foi et la culture ; la première, parce que l'univers n'a plus besoin de maitre autre que l'homme, la seconde, parce que l'homme n'a plus besoin d'enracinement ni de passé quand son pouvoir se fonde sur les lois intemporelles de la nature. Ce schéma logique a sa traduction historique. Il est bien vrai qu'au siècle dernier certains hérauts de la science ont cru qu'elle allait accomplir la vieille promesse luciférienne. Même si depuis lors la science a suffisamment mûri pour démoder d'elle-même le scientisme, le XX• siècle a connu l'explosion du progrès technique, qui a amené la facilité en beaucoup de choses. La religion, réputée ennemie de la facilité, a dû reculer. Elle a même été parfois tentée d'attirer la facilité dans son camp. Au-delà des moeurs, la foi est atteinte. Quant à la culture, il est de bon ton encore de l'honorer, mais on ne soucie plus guère de la transmettre ; elle est en effet mémoire, héritage, permanence, que la marée du nouveau tend à recouvrir et à effacer. [...]
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Georges Chantraine, s.j. Le cardinal de Lubac : une oeuvre ouverte
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