Francis RAPP
Les nations
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n°112
Mars - Avril
1994 - Page n° 55
Le sentiment religieux s'est intégré à l'identité nationale de manière différente en France et en Allemagne. Aux Français, il apportait la certitude de traverser toutes les épreuves, aux Allemands, l'espérance de durer.
L'histoire nous montre que le sentiment national, l'âme des peuples européens, présentait, dès avant le début des temps modernes, ses caractères essentiels. Dans une civilisation imprégnée de christianisme, il ne pouvait se définir qu'en se situant dans l'univers religieux mais chaque nation combina les éléments que lui fournissait la foi commune à sa façon. Cette diversité frappe particulièrement l'historien qui scrute le passé de la France et de l'Allemagne, nées toutes deux du même empire carolingien. La Francia occidentales et l'orientales, qui avaient part au même héritage, ont suivi des voies divergentes et l'image qu'elles se sont faites d'elles-mêmes porta très tôt la marque de leurs destinées différentes. Examinons d'abord les formes que le sentiment national avait prises en France et en Allemagne à la fin du Moyen Âge ; essayons ensuite de dégeler l'origine de leur dissemblance. Dans le dessein de Dieu, la place de la France était particulière. Cette prédilection se manifestait en premier lieu par les privilèges dont jouissait le roi. L'huile qui servait aux onctions du sacre était céleste. [...]
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