Le dialogue interreligieux comme dimension intrinsèque de la foi chrétienne− Angelo Scola, la Fondation Oasis et l’Islam

Comme patriarche de Venise, Angelo Scola a créé en 2004 le centre de recherches Oasis, tourné vers les communautés chrétiennes arabophones d’Orient. Traductions des textes du Magistère, connaissance de l’Islam : le dialogue interreligieux est constitutif de la foi chrétienne.

Printemps 2000, nonciature apostolique à Damas : lors d’une rencontre avec quelques évêques du Moyen-Orient, représentants des différents rites catholiques, le recteur de l’Université du Latran, Mgr Angelo Scola, entend une demande d’aide pressante de la part de ses confrères. Il faut partir de cet événement, rappelé à plusieurs reprises par Scola lui-même, pour comprendre l’origine et la mission d’Oasis, la Fondation créée et actuellement présidée par le Cardinal pour promouvoir les relations avec les chrétiens d’Orient et le dialogue avecl’Islam. Le problème en question n’est pas d’ordre matériel. Il s’agissait plutôt de fournir aux chrétiens du Moyen-Orient des outils culturels adéquats. La quasi-totalité de la pensée catholique du XXe siècle n’était en effet pas disponible en arabe et les traductions anglaises ou françaises, accessibles à ceux qui avaient un niveau d’éducation suffisant, ne favorisaient pas la nécessaire inculturation de la foi.

Même s’il n’a pas trouvé de réponse immédiate, l’appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Lors de son entrée à Venise, en 2002, le nouveau patriarche a pensé que la cité lagunaire, « porte de l’Orient », représentait le bon contexte pour reprendre la provocation qui lui avait été lancée quelques années plus tôt à Damas. L’instrument choisi à cette fin était une revue qui, inspirée par le discours prononcé par Jean-Paul II en 2001 à la mosquée des Omeyyades de Damas (encore la capitale syrienne !), était intitulée Oasis. Dans son discours, le Pape avait en effet affirmé que « les musulmans comme les chrétiens chérissent leurs lieux de prière, comme des oasis où ils rencontrent le Dieu miséricordieux sur le chemin de la vie éternelle, et leurs frères et soeurs dans le lien de la religion ». Cette référence indiquait déjà l’horizon du travail d’Oasis, constitué comme centre de recherche en 2004 au sein du Studium Generale Marcianum, le centre universitaire né lui aussi de l’initiative du cardinal Scola.

Le point de départ de l’initiative était l’échange théologico-culturel entre chrétiens, à la lumière des besoins mis en évidence quelques années plus tôt par les évêques du Moyen-Orient, mais avec un élargissement à l’histoire et aux besoins des chrétiens des grands pays asiatiques musulmans [...]

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