Père Frédéric LOUZEAU
L'Action sociale de l'Eglise
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n°203
Mai - Aout
2009 - Page n° 50
Le développement de l’État-providence, qui marque un degré supplémentaire dans l’interaction entre la personne et la société, est loin de remettre en cause la « diaconie » de l’Église. Il rend au contraire ce service de la charité plus urgent et plus décisif. L’auteur le montre en progressant selon quatre étapes : limites internes de l’État-providence ; nécessité d’humaniser les relations sociales ; dialogue avec la société ; témoignage rendu à la Parousie du Christ, Fin transcendante de l’histoire humaine.
L’expression « État-providence» désigne ordinairement l’état politique, garantissant structurellement un ensemble d’institutions, chargées de redistribuer dans la population, sous divers modes, une part des richesses, et d’intervenir directement dans la vie de la société, afin de satisfaire aux besoins économiques et sociaux des citoyens, et d’assurer ainsi leur bien-être matériel, intellectuel et même moral. Légitimé par une conception de la justice sociale fondée sur l’égalité, l’État-providence étend à tous les citoyens sa protection, sous forme de droits, non plus seulement civiques ou politiques, mais proprement sociaux – droits qui, au cours du temps, ont tendance à toujours plus gagner en extension et en intensité (droit au travail, à la sécurité matérielle, aux soins médicaux, à l’enseignement, au repos, aux loisirs, à la culture, au bien-être...).
Naturellement, pareille forme d’État n’a pas surgi d’un seul coup, ni de la même manière selon les lieux, et son contenu s’est spécifié au cours de l’histoire : il naît à la fin du XIXe siècle dans le contexte souvent révolutionnaire des sociétés en voie d’industrialisation rapide, et de la recherche de solutions pacifiques au problème du prolétariat. Représenté d’abord par les lois sociales de Bismarck (à partir de 1883), ce premier modèle d’État-providence, sous la forme d’un État social ouvrier, s’étend dans les années suivantes à de nombreux pays européens. Puis, face à la crise de 1929, à l’expérience des idéologies totalitaires et à la seconde guerre mondiale, l’idée va émerger d’une sécurité sociale pour tous, qui puisse étayer un capitalisme démocratique et renforcer la paix sociale. Sous l’impulsion de l’économiste et homme politique britannique William Beveridge (1879-1963), la Grande Bretagne met en place, à partir de 1946, un nouveau type d’État-providence, le Welfare State ou État de bien-être collectif. À la faveur de la prospérité exceptionnelle des Trente Glorieuses, la même ambition s’étend aux gouvernements occidentaux selon différentes modalités1, qui, dans le cas de l’Europe, donnent lieu à l’instauration d’un véritable «modèle social ». Avec le ralentissement durable de la croissance en Europe (dès la fin des années 1970), le modèle social européen est mis à mal, incapable de résorber un chômage « structurel » de masse, si bien que les États membres de l’Union s’engagent, au début des années 1990, dans une profonde réforme de l’État-providence2. [...]
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1. Il est possible de distinguer différents modèles. Voir par exemple l’ouvrage classique du sociologue danois Gøsta ESPING-ANDERSEN, Les trois mondes de l’État-providence. Essai sur le capitalisme moderne, PUF, 2007 (1990). Voir également François-Xavier MERRIEN, L’État-Providence, PUF, 2007 (1997).
2. Jérôme VIGNON, «Crise de la protection sociale ou crise du modèle social ?», dans Qu’est-ce qu’une société juste ? Actes de la LXXXIe session des Semaines Sociales de France, Paris-La Défense, CNIT, 24-26 novembre 2006, Bayard, avril 2007, pp. 34-57.
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