Né en 1896, membre de la Compagnie de Jésus, prêtre, théologien et écrivain, Henri de Lubac a été expert au concile Vatican II. Cardinal en 1983, il est mort en 1991. Il laisse une œuvre immense : une bibliographie de cent pages, dont plus de quarante livres. Celle-ci a renouvelé l’étude de nombreux domaines : histoire des dogmes, exégèse, ecclésiologie, patristique, pensée médiévale, philosophie de la Renaissance, athéisme moderne et approches du bouddhisme.
Henri de Lubac a participé à la fondation des Cahiers du témoignage chrétien pendant l’occupation, des collections "Théologie" (Aubier) et "Sources chrétiennes" (Cerf).
Il était un des fondateurs de la revue Communio : en lui rendant hommage, nous ne faisons que reconnaître notre dette envers le plus grand théologien français de ce siècle. Derrière l’œuvre importante et variée, nous avons cherché à dégager l’unité du théologien : son esprit de fidélité, de rigueur scientifique, d’humilité et de curiosité. Car il nous laisse plus qu’un modèle : un exemple et une invitation à poursuivre l’entreprise.
Éditoriaux
Olivier Boulnois : Humaniste parce que théologien
Promouvoir les humanités, défendre l'humanité, ce sont les deux versants d'un même respect pour ce qu'exige la théologie. Le P. de Lubac est humaniste parce que théologien.
Vincent Carraud: Une oeuvre nécessairement immense
C'est la catholicité même du catholicisme, c'est-à-dire la nécessité de tenir la Tradition totale, qui imposait que l'oeuvre du P. de Lubac fût immense. Dégagée des occasions qui l'ont suscitée, elle reste à lire.
La théologie et le mystère
Xavier Tilliette: Le legs du théologien
L'oeuvre multiforme du P. de Lubac, qui a laissé place aux contingences, n'en a pas moins une profonde cohérence. Sa pierre de touche est la notion de mystère.
Philippe Barbarin : « Un homme exercé dans la musique divine »
L'amour de la Bible et son approche dans l'oeuvre du P. de Lubac stimulent le ministère d'un prêtre diocésain, spécialement auprès des jeunes. L'Écriture est fondamentalement actuelle.
Peter Henrici : Du mystère en philosophie
En relisant son Surnaturel, le P. de Lubac mentionne Blondel, Rousselot et Maréchal comme ses prédécesseurs, aux philosophies desquels il a donné une justification théologique : « C'est parce qu'il veut lui accorder une fin surnaturelle que Dieu crée la nature humaine. » Ainsi le désir de voir Dieu est-il le phénomène du mystère.
L'Église
Paul McPartlan : «Tu seras transformé en moi »
Le P. de Lubac n'a jamais rédigé l'ouvrage sur la mystique qu'il projetait. Pourtant, il en a indiqué la direction fondamentale : le centre du mystère est la divinisation de l'homme. Être transformé en Dieu, c'est pour le P. de Lubac le sens de l'Eucharistie, oeuvre de l'Église et Vérité de l'Écriture. Il reste à ses successeurs (Jean Zizioulas) d'achever cette synthèse.
Claude Dagens : Penser et aimer l'Église
Le P. de Lubac a toujours refusé d'écrire un traité sur l'Église distinct de son mystère central, le Christ. Les multiples perspectives qu'il esquisse vers le centre n'en ont que plus de valeur : il rend justice à toute sa tradition, distingue sa grandeur surnaturelle de sa seule faiblesse humaine, ne l'interprète jamais comme un corps politique. Il n'y a pas deux périodes dans l'oeuvre du P. de Lubac, avant et après le Concile, mais une seule ligne de pensée.
Georges Chantraine : Surnaturel et catholicité
Le P. de Lubac a toujours défendu la véritable dignité de l'homme, en analysant la culture occidentale depuis le xvt° siècle. Contrairement à ce qu'affirme l'humanisme athée, l'homme désire par-dessus tout l'union à Dieu. Il n'est comblé que par l'abaissement d'un Dieu fait homme. L'Église, parce qu'elle est catholique, en fait don au monde et à l'histoire. Perdre cette dimension, ce serait renier le vrai combat pour la dignité.
Paradoxes
Marguerite Léna : La sainteté de l'intelligence
Les Paradoxes du P. de Lubac témoignent des tentatives de l'intelligence humaine pour rendre compte de l'infini qui l'habite. Le paradoxe n'est soutenable et fécond que si l'intelligence est sainte, c'est-à-dire se soumet d'abord aux exigences les plus élémentaires de la pensée, avant d'entrer, par une obéissance qui ne peut manquer d'être.
Jean-François Thomas : La vérité du paradoxe
Loin d'être le signe d'une rhétorique stérile, le paradoxe est l'étoffe des choses. Il s'agit d'en présenter quelques aspects : il est à l'oeuvre dans l'aveu que la liberté ne peut être qu'obéissance envers l'autorité, dans un engagement qui n'attend pas le succès, dans la reconnaissance d'une dimension sociale qui ne limite pas l'homme, mais aussi dans la recherche d'une vérité qui n'est nôtre que si elle est le fruit de la Tradition.
Le discernement historique
Jean Bastaire : Le bouddhisme
Le P. de Lubac a été, en matière de dialogue interreligieux, comme en tant d'autres domaines, un «passeur», quelqu'un qui assurait la communication à travers les frontières. Son propos n'était pas seulement d'exposer une forte pensée de la façon la plus exacte, mais d'entrer en elle pour déceler la présence du Christ.
Gérard Leclerc: L'invention de l'histoire
L'histoire est sans cesse présente chez le P. de Lubac. Historien de la théologie, il a aussi cherché à discerner la situation spirituelle de son temps, ce que rend possible la conscience d'une donnée fondamentale : l'invention de l'Histoire par le christianisme.
Jacques Prévotat : Les évêques sous l'Occupation : un démenti du cardinal de Lubac
« La Question des évêques sous l'Occupation », ce texte publié en février dernier par la Revue des deux mondes est-il réellement du P. de Lubac ? L'intéressé a démenti en être l'auteur. Mais que sait-on de ce document controversé?
Michel Sales : L'oeuvre du cardinal de Lubac : éléments de bibliographie
Humaniste parce que théologien
Olivier Boulnois
L'oeuvre immense1 du P. de Lubac est celle d'un humaniste. Homme de science, il laisse des travaux d'érudition remarqués dans les domaines les plus variés : histoire des dogmes, de l'exégèse, de la philosophie. Homme de lettres, marqué par les modèles de Péguy et de Claudel, il a su soutenir de sa sobre éloquence la passion qui l'animait pour la vérité, et présenter avec une inlassable exigence de clarté les analyses les plus ardues. Homme de foi, il n'a cessé d'affronter les prétentions de l'athéisme moderne, de scruter le sens des religions non chrétiennes (en particulier du bouddhisme2, et de ramener sur un socle intellectuel commun le dialogue entre l'Église d'Orient et celle d'Occident. Homme d'engagement, il sut toujours retourner aux fondements moraux et rejeter la primauté du politique, y compris pendant la Résistance3.
Ces contributions multiples et importantes, le P. de Lubac les doit à un principe fondamental, le retour au centre. Tous [...]
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1. Voir l'article de Vincent CARRAUD, « Une oeuvre nécessairement immense », p. 8.
2. Voir l'article de Jean BASTAIRE, « Le bouddhisme », p. 110.
3. Voir l'article de Gérard LECLERC, « L'invention de l'histoire », p. 115, qui montre à quel point l'engagement ponctuel du P. de Lubac s'enracine dans une analyse permanente des fondements de la politique, et l'analyse de Jacques PRÊVOTAT, « Les évêques sous l'Occupation : un démenti du cardinal de Lubac », p. 126, qui apporte un éclairage nouveau sur un texte qui a fait beaucoup de bruit dans les médias.
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