n°143 Décalogue VIII - Tu ne porteras pas de faux témoignage Mai - Juin 1999*


Comme dans toute juridiction sans instruction, la procédure d’Israël attachait une importance capitale au serment : la Loi de Moïse interdisait le faux témoignage et le parjure, et obligeait à s’acquitter de ses serments. Le Christ prescrit de ne pas jurer du tout et généralise le commandement à toute parole : l’interdiction du faux témoignage devient celle du mensonge sous toutes ses formes : flatterie, calomnie, médisance, etc. Plus, le Christ refuse de distinguer deux niveaux de langage, un où l’on s’engagerait réellement et un autre où le mensonge serait possible. Mais ce commandement peut-il encore être respecté ? La vie en société n’implique-t-elle pas des accommodements avec tant de rigueur.

Sur le même thème, vous trouverez aussi l'ouvrage Le Décalogue, dans la collection Communio. 

Page Titre Auteur(s)
5 Les paroles qui surprennent Vincent CARRAUD
19 Le reniement de saint Pierre Marie-Thérèse BESSIRARD
27 Dimensions de la vérité Herbert SCHLÖGEL
38 Mensonge et langage Laurence GUÉRIN-MATHIAS
50 Celui qui tire les ficelles Corinne MARION
60 Mensonge et herméneutique : Le De mendacio Maria BETTETINI
73 Mensonges, médias et communication Dominique WOLTON
86 Heureux ceux qui souffrent ? Le christianisme devant la douleur Olivier BOULNOIS
106 La bonne douleur dans la tradition ascétique grecque Alain LE BOULLUEC
120 La dimension spirituelle de l’œcuménisme Charles ACTON

Éditorial: Vincent Carraud : Les paroles qui surprennent

« Que votre langage soit oui, oui, non, non ». Si la Loi de Moïse interdisait faux témoignage et parjure, le Christ prescrit de ne pas jurer du tout. Plus, il interdit tout mensonge. Reste cependant à la théologie morale à distinguer les différentes espèces de mensonge, dont l’analyse permet de montrer que la lecture chrétienne du huitième commandement requiert d’opposer amour de la vérité et désir de savoir.

Thème : Tu ne porteras pas de faux témoignage

Marie-Thérèse Bessirard : Le reniement de saint Pierre

Le reniement de Pierre doit être lu dans le contexte de la Passion du Christ, s’il faut bien voir dans le « faux témoignage » le péché qui, par la grâce du pardon, conduit le pécheur repentant à remplir sa mission de témoin jusqu’au martyre. 

Herbert Schlögel : Dimensions de la vérité

Par delà leurs différences, les récents catéchismes pour adultes soulignent partout et toujours le lien entre vérité et véracité (dont le fondement est Jésus-Christ), dans son rapport avec la justice et la charité. D’où un souci légitime de rapporter les obligations du huitième commandement tant à l’individu qu’à la société, en tenant compte des nouvelles exigences éthiques.

Laurence Guérin-Mathias : Mensonge et langage 

Par son rapport intime avec le langage, le mensonge pervertit le rapport de soi à soi ; mais bien plus, il détruit le lien à l’autre rendu justement possible par la parole.

Corinne Marion : Celui qui tire les ficelles

Satan est père du mensonge et homicide. En se servant des mots pour abuser, dès l’origine, Satan trompe celui qu’il veut perdre. De fausses promesses en illusions, celui qui l’écoute court à sa perte. La littérature ne parle que de cela.

Maria Bettetini : Mensonge et herméneutique : Le De mendacio

Dans le De mendacio, ouvrage capital pour toute la tradition de la théologie morale, saint Augustin s’est attaqué à la question complexe de la nature du mensonge et de toutes ses formes, afin de respecter la condamnation absolue de tout mensonge dans la Bible, y compris quand celui-ci peut paraître utile ou la révélation de la vérité nuisible.

Dominique Wolton : Mensonges, médias et communication

La révolution de la communication exige d’urgence une réflexion de fond sur ce qu’elle rend possible : liberté quasi totale de la circulation de l’information que ne filtrent plus les intermédiaires professionnels habituels. Cette communication médiatisée à distance ne se substitue pas à l’épreuve d’autrui dans une rencontre physique et réelle.

Dossier : La douleur

 Olivier Boulnois : Heureux ceux qui souffrent ? Le christianisme devant la douleur

Y a-t-il un sens chrétien de la douleur ? Trois attitudes sont apparues au cours des siècles : la souffrance est d’abord communion à la Passion du Christ et moyen de parvenir au salut ; la théologie cherche ensuite à en donner une interprétation morale ; de nos jours, le non-sens de la douleur renvoie le croyant à la déréliction et à la pure obéissance du Christ auquel il s’identifie. 

Alain Le Boulluec : La bonne douleur dans la tradition ascétique grecque

Du martyre à l’ascèse qui lui est associée, la tradition grecque chrétienne évoque les réactions des « imitateurs du Christ » devant la douleur. De celle qui torture les corps, les martyrs triomphent au point d’y être insensibles, tandis que l’accent est mis sur la souffrance morale : celle des ascètes en proie aux attaques du démon,celle du pécheur repentant, la componction, qui se manifeste par les larmes. 

Signet

Charles Acton : La dimension spirituelle de l’oecuménisme

L’« oecuménisme spirituel » est au principe de l’accomplissement de l’unité des chrétiens. L’unité visible des chrétiens qui est recherchée passe en premier lieu par la conversion et par l’approfondissement trinitaire de notre prière.

Les paroles qui surprennent

Vincent Carraud

« Don Juan – Comment ? Il semble que vous doutiez encore de ma sincérité ! Voulez-vous que je fasse des serments épouvantables ? Que le Ciel...
Charlotte – Mon Dieu, ne jurez point, je vous crois. » Molière, Don Juan Acte II, scène 2.

« Écoutez-le [Pierre], en proie aux servantes, qui bégaie des mensonges et des blasphèmes dans sa barbe ! » Paul Claudel, Commentaire sur le psaume 147.

 

Ce cahier de Communio est consacré à la huitième parole du Décalogue, telle qu’on la lit dans l’Exode (20, 16) ou dans le Deutéronome (5, 20) : «Tu ne déposeras pas de faux témoignages contre ton prochain ». Par différence d’avec les péchés par action ou par omission interdits par les commandements précédents, il s’agit de ne pas pécher en parole, parole solennelle énoncée en vue d’un jugement. Ce commandement porte initialement – et peut-être toujours – sur le témoignage devant un tribunal. Comme dans toute juridiction sans instruction ni ministère public, la procédure d’Israël attachait une importance capitale au serment1 : serment d’un accusé, le serment judiciaire proprement dit, ou serment de témoignage. Les traités juridiques du Talmud confèrent une gravité considérable au « serment de témoignage », qui est la clef de tout procès (distinct, par exemple, du « serment de dépôt » ou du « serment d’identité »). Le serment (par la vie du Roi ou par le Seigneur) est d’abord un serment judiciaire, comme chez les peuples entourant Israël2, et comme dans la tradition latine (« serment » vient de « sacramentum », transférer sur une personne ou un objet sacré la responsabilité du témoignage que l’on porte). Ce contexte judiciaire du commandement le fait sans doute sonner de façon désuète aux oreilles [...]
 

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1. Un traité talmudique est consacré aux « serments », le traité Chebouot.

2. Voir R. De Vaux, Les institutions de l’Ancien Testament, Paris, Éd. du Cerf, 1958, t. 1, p. 241-243 (« Droit et justice »).

Dossier : La douleur

 Olivier Boulnois : Heureux ceux qui souffrent ? Le christianisme devant la douleur

Y a-t-il un sens chrétien de la douleur ? Trois attitudes sont apparues au cours des siècles : la souffrance est d’abord communion à la Passion du Christ et moyen de parvenir au salut ; la théologie cherche ensuite à en donner une interprétation morale ; de nos jours, le non-sens de la douleur renvoie le croyant à la déréliction et à la pure obéissance du Christ auquel il s’identifie. 

Alain Le Boulluec : La bonne douleur dans la tradition ascétique grecque

Du martyre à l’ascèse qui lui est associée, la tradition grecque chrétienne évoque les réactions des « imitateurs du Christ » devant la douleur. De celle qui torture les corps, les martyrs triomphent au point d’y être insensibles, tandis que l’accent est mis sur la souffrance morale : celle des ascètes en proie aux attaques du démon,celle du pécheur repentant, la componction, qui se manifeste par les larmes. 

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L’« oecuménisme spirituel » est au principe de l’accomplissement de l’unité des chrétiens. L’unité visible des chrétiens qui est recherchée passe en premier lieu par la conversion et par l’approfondissement trinitaire de notre prière.


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