Problèmes théologiques de la musique religieuse

Joseph Ratzinger BENOÎT XVI
Le mariage - n°25 Septembre - Octobre 1979 - Page n° 84

Les problèmes que rencontre la musique religieuse s'ins­crivent dans une crise de la culture et, par là, dans des ambiguïtés théologiques. Face aux tentations d'une vaine spiri­tualisation et de l'enfouissement dans le quotidien, la musi­que d'Église a cependant pour rôle (essentiel) d'introduire les hommes dans l'harmonie du cosmos qui chante la gloire du Verbe incarné.

La première page, 84, est jointe.

 Dans la «crise» générale de l'Église depuis Vatican II, la musique religieuse devait sans tarder entrer dans une situation critique. Il ne s'agit pas ici de la crise des arts, à laquelle la musique religieuse est actuellement exposée, comme tout autre art, mais d'une crise de la musique religieuse en raison de la situation de la théologie — donc, au fond, d'une crise de la théologie et de l'Église.

Car la musique religieuse semble prise entre deux feux, deux tendances théologiques bien distinctes, qui n'ont de commun que leur volonté d’œuvrer ensemble pour la réduire. On trouve d'un côté le fonctionnalisme puritain d'une liturgie de conception purement pragmatique : la liturgie ne doit pas être prise pour un culte ; il faut la ramener à son modeste point de départ: un repas communautaire. On sait que la position de l'individu dans la liturgie est décrite par Vatican II comme « participation active » . Cette notion chargée de sens a souvent conduit à penser que le but idéal de la réforme liturgique était une égale activité de tous les présents. À ceci correspond alors le nivellement des tâches à caractère particulier. Et la musique religieuse festive et solennelle passe un peu partout comme le signe d'une conception inadaptée, fondée sur la notion de culte et apparemment inconciliable avec une activité collective. Dans cette perspective, la musique religieuse ne peut plus subsister que sous la forme du chant communautaire, qui à son tour ne doit pas être apprécié selon sa valeur artistique, mais uniquement à partir de sa fonctionnalité, c'est-à-dire de sa capacité à susciter et animer la communauté. On peut mesurer le degré de renoncement aux exigences artistiques au fait qu'un éminent spécialiste allemand en matière de liturgie a déclaré après le concile que rien de la musique religieuse traditionnelle ne pouvait désormais satisfaire aux nouvelles prescriptions liturgiques et que tout devait être refait. Il est évident que, dans cette prise de position, la musique liturgique n'était pas considérée comme un art, mais comme un simple objet d'usage courant.

 

Les problèmes que rencontre la musique religieuse s'inscrivent dans une crise de la culture et, par là , dans des ambiguïtés théologiques

Face aux tentations d'une vaine spiritualisation et de l'enfouissement dans le quotidien, la musique d'église a cependant pour rôle (essentiel) d'introduire les hommes dans l'harmonie du cosmos qui chante la gloire du Verbe incarné.


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