L e souffle hymnique de l’Église. Veni Creator Spiritus : le souffle de l’Esprit dans la liturgie

Prière et louange, les hymnes liturgiques découlent de l’essence de la vie chrétienne. Le Veni Creator Spiritus traite de la puissance agissante de l’Esprit dans l’Église. L’étude de sa structure – invocation, rappel des merveilles de Dieu, invocation à l’Esprit Saint, action solennelle de louange – permet de dégager une théologie de l’Esprit évidente.

Profondément enchâssées dans la « forme rituelle » de la mens liturgica chrétienne, les hymnes liturgiques résument et défi nissent toute la louange qui s’élève de l’Église vers Dieu. Nous pouvons suivre l’histoire des hymnes liturgiques dès les lettres de Paul et jusqu’aux grands auteurs du Moyen Âge : ils nous offrent une theologia laudis qui constitue l’essence de la liturgie chrétienne, et de l’Église même. Si la vie de ceux qui ont connu une nouvelle naissance dans le Christ consiste à « être à la louange de sa gloire » (Épître aux Éphésiens,  1,12), les hymnes liturgiques ne peuvent être considérées uniquement comme des créations poétiques, ni non plus seulement comme des sources de la pensée théologique ou de la spiritualité chrétienne, mais, avant tout, comme des images de la « forme » chrétienne, laquelle est laus Dei. La laudatio liturgique s’exprime en effet aussi bien à travers les paroles de la louange, qu’à travers sa forme même qui introduit dans la liturgie une nouvelle synthèse de  la foi. L’hymne, comme forme de la louange, n’a pas été introduite dans la liturgie chrétienne dans le sillage poétique des rites païens – même si on ne peut nier l’influence des humnoi grecs et des carmina romains – mais il  naît de l’essence même et de la nature des premiers rassemblements de l’Église. La première communauté chrétienne se réunissait pour élever sa louange au Seigneur. Nous devons à Pline le Jeune, gouverneur romain de la Bithynie, ce témoignage précieux : les chrétiens affi rmaient qu’ils « avaient l’habitude de se réunir à jour fixe, avant le lever du soleil, et de chanter un hymne au Christ »¹. [...]

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1. Pline, Epistulae X 96.