Le sacerdoce entre repères théologiques et questions pastorales

Un grand Spirituel contemporain disparu en 1978, le Père François Varillon, aimait à répéter que s’il se trouvait dans les dogmes catholiques un article n’ayant pas de rapport avec l’agapê, avec l’amour évangélique, alors il faudrait le supprimer. Ce propos, qui a valeur d’axiome pour toute théologie spirituellement conséquente, s’impose singulièrement à toute théologie fondamentale du sacerdoce. S’il se trouvait qu’une affirmation théologique à prétention systématique sur le sacerdoce ne fût en rien articulée au message de l’agapê, alors, en effet, il faudrait la révoquer. Pour autant, le discernement ici requis ne saurait être intemporel, il s’exerce dans des conditions nouvelles et un changement d’époque. Il exige ainsi une écoute des signes des temps dont la théologie, toutefois, ne saurait se dissoudre dans une sociologie de l’air du temps ; « l’air du temps », comme disait autrefois Gustave Thibon, voilà une ambition de feuille morte. Cette marge étant méthodologiquement assumée, plusieurs questions angulaires ne peuvent qu’être ressaisies qui concernent les rapports entre institution et historicité, entre hiérarchie et démocratie et, not the least, entre les deux sacerdoces, baptismal et ministériel, intégrant de façon essentielle la symbolique du féminin et du masculin. C’est un fait heureux : étape après étape, synode après synode depuis plus d’un demi-siècle, l’Église catholique a revalorisé le sacerdoce commun des baptisés, parce qu’il représente, comme le disait le Père de Lubac citant Thomas d’Aquin, un « sacerdoce mystique » (sacerdos mystice). Cela étant acquis, l’Église ne peut qu’être portée également, non pas par contraposition, mais par concomitance, à revaloriser le sacerdoce ministériel et ainsi à développer, à l’heure des recompositions, les termes adaptés de l’harmonie entre ces deux types de vocations fondées dans le sacerdoce du Christ. Cette intention retentit sur les deux terrains solidaires l’un, théologique qui puise dans les profondeurs de la grande mémoire et l’autre, pastoral qui manifeste aujourd’hui des disparités injustifiables, notamment entre les mégapoles et le monde rural et rurbain. De surcroît, le sacerdoce ministériel, réduit à une simple superstructure fonctionnelle ici, ou hyper-sacralisé là, peut et doit affronter la crise anthropologique...

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